Surpoids, diabète, maladies cardiovasculaires, problèmes digestifs… voilà quelques-unes des conséquences d’un manque de sommeil ou d’un sommeil de mauvaise qualité.
Lorsqu’on demande aux politiques ou à certains intellectuels comment ils parviennent à faire autant de choses, ils répondent classiquement « je dors peu ». Et dans un monde où la lumière artificielle ne fait pas défaut, il peut être tentant de grignoter son temps de repos nocturne. C’est ainsi que certaines personnes en viennent à dérégler complètement leurs cycles naturels et à accumuler le manque de sommeil (environ 17% des Français).
D’autres dorment mal depuis des années, sans trouver de solution, à cause d’une apnée du sommeil non diagnostiquée ou d’insomnies chroniques (qui concernent 12% des Français). Et sans le savoir, tous mettent leur santé en danger. En effet, selon une étude parue dans le journal Sleep Medicine en août 2016 qui a analysé 153 études sur le sommeil comprenant en tout plus de 5 millions de personnes, une durée de sommeil courte est associée à une plus grande mortalité (c’est le lien le plus fort trouvé), au diabète, à l’hypertension, aux maladies cardiovasculaires et à l’obésité. Voyons plus en détail, études scientifiques à l’appui, les conséquences d’un manque de sommeil chronique sur la santé.
Le surpoids
C’est sans doute le résultat du manque de sommeil le plus documenté : quand on ne dort pas assez, on grossit. Cela s’expliquerait principalement par le fait que l’on a alors tendance à manger plus, et plus particulièrement des aliments caloriques. Et comme on bouge pareil, voire moins, cela aboutit à une prise de poids. Selon une méta-analyse d’études sur les conséquences d’une privation partielle de sommeil sur l’équilibre énergétique, dormir peu conduirait à manger 385 kcal (calories) de plus sans que la dépense énergétique varie. Les personnes ne dormant pas assez ingéreraient plus d’aliments gras, moins de protéines (pas de variation pour les glucides). Chez l’adolescent en revanche, le manque de sommeil conduit à une consommation plus grande d’aliments sucrés.
Chez l’enfant, comme chez l’adulte, le lien entre manque chronique de sommeil et obésité est bien établi.
Le diabète
Le manque de sommeil chronique semble conduire, selon les études scientifiques, à une diminution de la sensibilité à l’insuline et à un risque plus important (de 37% en moyenne) de développer un diabète de type 2. La perte de sensibilité à l’insuline explique la prise de poids et constitue l’une des premières étapes du diabète. Par ailleurs, chez les personnes déjà diabétiques, les troubles du sommeil s’accompagnent d’une dégradation du contrôle de la glycémie. Résultats : plus de complications. Bien dormir semble donc crucial lorsqu’on est à risque de diabète (antécédents familiaux, surpoids, glycémie élevée…) ou diabétique.
Les maladies cardiovasculaires
Sommeil et dépression sont fortement liés, de nombreuses preuves en attestent. Les personnes en dépression tendent en général à dormir trop longtemps. En privant ces personnes de sommeil, on peut améliorer leurs symptômes dépressifs. Mais le manque de sommeil peut aussi augmenter des troubles de l’humeur ou induire une dépression. Dans ce contexte, le lien entre sommeil et dépression reste difficile à saisir. Ce que l’on sait toutefois, c’est que le manque de sommeil chronique peut aggraver les symptômes d’une dépression et l’insomnie se retrouve fréquemment parmi les tout premiers symptômes d’une dépression.
Les troubles de l’humeur
Lors de l’adolescence, les troubles du sommeil sont le plus souvent liés aux bouleversements de cette période de la vie. Certes, c’est agaçant de voir son rejeton émerger le dimanche au moment de déjeuner mais la cause de ce décalage est en partie physiologique. C’est un phénomène dit de retard de phase : la température corporelle chute plus tard et la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, est décalée. L’endormissement est ainsi plus tardif et, comme les rythmes scolaires les obligent souvent à se lever tôt, les ados accumulent une dette de sommeil qu’ils pensent récupérer le week-end. Ce qui aggrave encore le décalage : les spécialistes du sommeil parlent alors de « jet-lag du week-end ». Cela dit, ce n’est pas le seul facteur. Les heures passées le soir à jouer sur les tablettes, à regarder des séries ou à téléphoner aux amis aussi. Selon une enquête de l’INSV, une fois couchés, les jeunes mettent en effet 68 minutes avant de cesser toute activité et d’éteindre la lumière ! Et la moitié dorment avec le téléphone allumé dans leur lit. Une partie d’entre eux interrompent même leur sommeil pour répondre aux messages reçus. Or, des études ont clairement établi un lien entre les écrans, le sommeil et les performances scolaires. Une étude Inserm récente a ainsi montré qu’une durée de sommeil de moins de 7 heures en semaine et un coucher tardif le week-end étaient corrélés avec des volumes plus petits de matière grise (fine écorce qui entoure le cerveau) dans plusieurs régions cérébrales impliquées dans l’attention, la concentration, la capacité à réaliser des tâches simultanées. Que faire pour limiter le déficit de sommeil des ados ? Instituer le soir un « couvre-feu numérique » deux heures avant le coucher. Facile à dire…
Le cancer ?
Les travailleurs de nuit sont plus à risque de cancer, ce qui suppose qu’il y a un lien entre le sommeil et cette maladie. Le manque chronique de sommeil entraîne notamment la formation d’espèces réactives de l’oxygène, donc augmente le stress oxydant, ce qui pourrait favoriser la survenue d’un cancer. Les études sur le lien entre cancer et manque de sommeil ne sont cependant pas très nombreuses et souvent contradictoires. Le lien entre manque de sommeil et cancer ne semble donc pas vraiment établi.
Le cercle vicieux des problèmes digestifs
Un mauvais sommeil peut conduire à une exacerbation des troubles digestifs via la formation de molécules inflammatoires, c’est le cas pour le reflux gastro-œsophagien par exemple. Mais le reflux, la dyspepsie ou le syndrome du côlon irritable peuvent aussi affecter les cycles du sommeil et conduire à un manque chronique de sommeil.
Les maladies neurodégénératives
Depuis peu, les troubles du sommeil sont associés aux facteurs de risque en cause dans les maladies neurodégénératives notamment la maladie d’Alzheimer et de Parkinson. Le manque de sommeil chronique entraîne des changements au niveau du cerveau par l’accumulation des protéines bêta-amyloïde et Tau (marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer). Une étude qui a suivi des patients pendant 6 ans indique en effet un risque 1,5 fois plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer chez les patients dont le sommeil est très fragmenté par rapport aux personnes dormant bien. D’autres chercheurs ont déterminé que les personnes se plaignant subjectivement d’insomnie présentaient un risque accru de 33% de démence en général et de 51% de maladie d’Alzheimer par rapport aux personnes sans insomnie.
D’autres recherches sont en cours pour évaluer la responsabilité des troubles du sommeil dans d’autres maladies neurodégénératives comme la sclérose latérale amyotrophique (SLA) et la démence.
La santé mentale des adolescents
Sommeil et santé mentale sont intimement liés. Au moment de la puberté, les adolescents expérimentent des modifications de leur rythme circadien appelées « retard de phase » les empêchant de s’endormir suffisamment tôt pour obtenir leurs nécessaires 9 heures de sommeil, étant donné les horaires très matinaux de l’école. La tentative de rattraper ces heures de sommeil manquées durant le week-end ne compense pas le sommeil perdu.
Si ce manque chronique de sommeil des adolescents entraîne une augmentation de l’inattention, de la somnolence, de la mauvaise humeur et a un impact immédiat sur leurs résultats scolaires, à terme il peut aussi engendrer des troubles de la santé mentale (dépression, anxiété) selon une étude. Ces troubles sont liés à un mauvais développement du cerveau, notamment des zones en causes dans la gestion des émotions, à cause du manque de sommeil.
Source : https://www.lanutrition.fr/bien-etre/le-sommeil/5-consequences-du-manque-de-sommeil
