Une surexposition constante aux stimulis, sans accorder de repos à son cerveau conduit à une fatigue mentale. Quels sont les signes ? Comment prévenir cette fatigue mentale ? Quelles sont ses répercussions ? Les réponses de nos experts.

Qu’est-ce que la fatigue ?

La fatigue peut se définir ainsi. Il s’agit « d’une usure des capacités d’adaptation de chaque personne », estime Isabelle Méténier, psychologue et auteure de Et si c’était la fatigue mentale (éd. Robert Laffont). Effectivement, on passe notre temps à s’adapter à tout : au chaud, au froid, aux personnes qui nous entourent, aux nouvelles technologies…

La fatigue mentale

« C’est une usure des capacités d’adaptation due à une surexposition trop longue à des stimulis divers, à une pression constante. Le cerveau, stimulé en permanence, sans possibilité de se reposer, ne peut plus se mobiliser, d’où l’apparition d’une fatigue psychologique », explique la psychologue. C’est ce que le grand public appelle couramment fatigue nerveuse, fatigue intellectuelle aussi.

La fatigue physique

Elle se caractérise par une sensation d’épuisement qui survient après la pratique d’une activité physique, mais qui peut être agréable (bonne fatigue). Elle peut exister comme signe d’un problème de santé, d’un surcroît de travail, d’une mauvaise alimentation… C’est l’un des motifs les plus fréquents de consultation en médecine générale.

Quels sont les symptômes de la fatigue mentale ?

La fatigue mentale se manifeste de diverses manières. Voici l’énumération de la psychologue.

  • Un manque de patience.
  • Des difficultés à se concentrer, à trouver ses mots.
  • Des difficultés à s’endormir, des troubles du sommeil. 
  • Une surexcitation émotionnelle qui peut basculer, ensuite, dans une indifférence émotionnelle.
  • Des difficultés à profiter des joies simples.
  • Un état dépressif.
  • Crise de l’épuisement (burn-out).

Quelles sont les causes de fatigue mentale ?

Comme les symptômes, les causes de fatigue mentale sont nombreuses. Le monde d’aujourd’hui est plus complexe, plus interactif que celui d’hier. Il génère davantage de fatigue mentale.

Le syndrome FOMO

Le rapport Digital 2020 de We are Social montre, qu’en moyenne, le temps passé sur Internet à partir de son téléphone portable est de 3 h 33 minutes par jour, soit 10 % de plus qu’en 2019 !

Par peur de passer a côté de quelque chose d’important, les individus sont de plus en plus connectés à leurs appareils en permanence, pour être au courant de tout, tout le temps. C’est ce que l’on appelle le “syndrome FOMO” (NDLR : Fear of Missin out en anglais, ce qui signifie peur de manquer quelque chose) qui peut, bien sûr, engendrer une fatigue mentale.

Isabelle Méténier.

La fatigue hédonique

Au fil des années, « la société d’aujourd’hui est tournée sur toujours plus de plaisir à court terme, ce qui fait passer à côté de choses primordiales », avertit la psychologue. Il y a également une forte pression sociale sur l’aspect matériel : « On nous fait croire que le bonheur, c’est d’acheter des choses, on en oublie alors l’importance du retour au naturel, complète la praticienne. La fatigue hédonique étant dans le toujours plus, on n’est jamais satisfait et on travaille toujours plus pour obtenir toujours plus. On peut culpabiliser de ne pas y arriver et oublier le sens de toute cette course. »

La fatigue des hypersensibles

La société actuelle est loin de valoriser l’hypersensibilité, notamment en entreprise. Or, les personnes hypersensibles sont plus sujettes que les autres à la fatigue mentale, car elles doivent s’adapter encore plus puisqu’elles prennent tout de plein fouet, ce qui leur consomme énormément d’énergie mentale pour faire le tri, s’apaiser, ce qui les fatigue mentalement, prévient la psychologue.

Des secrets ou traumatismes d’enfance

La fatigue morale peut remonter loin : jusqu’à l’enfance ! « On a pu avoir des traumatismes, des secrets dont on ne parle pas, dit Isabelle Méténier. Garder tout cela pour soi réclame une dépense d’énergie et encombre le cerveau. »

Les stress du quotidien

Ils sont nombreux ! Une situation nouvelle sur le plan professionnel comme devoir faire une prestation en public, un imprévu sont également des sources potentielles de fatigue psychologique.

Les frustrations

Dans certaines familles cela ne se fait pas d’exprimer ses émotions, comme la tristesse chez les garçons.

Cette obligation d’aller contre sa nature implique que l’on va contre ses besoins, on n’y répond pas, et cela prend de l’énergie, explique la psychologue.

On a alors tendance à intellectualiser ses émotions, tout ce qui arrive. En minimisant l’importance des émotions, du fonctionnement de son corps, on rajoute à la fatigue mentale. »

Les nouvelles technologies

Sur Internet, le fait de de devoir créer des mots de passe, des comptes différents, de vérifier toutes les données prend beaucoup d’énergie. Tout comme les problèmes que l’on peut rencontrer avec sa box, les difficultés de connexion, etc.

La solastalgie et l’éco-anxiété

Le réchauffement climatique, la charge, pour les femmes, de s’occuper de l’éducation écologique des enfants sont des questions de plus en plus présentes pour lesquelles on n’a aucune maîtrise. « Ces sujets inquiètent de plus en plus de personnes qui ne savent pas quel sera l’avenir de la Terre. Cette situation déclenche une suractivation du mental, génère un stress, une fatigue mentale », précise la psychologue. Les trentenaires sont particulièrement touchés par ce problème.

Quelles sont les conséquences de la fatigue mentale sur l’organisme ?

Si l’on fait “l’autruche”, que l’on ne prend pas le temps de s’arrêter, de revenir à des choses plus simples, la fatigue mentale ne disparaîtra pas. Au contraire, elle va engendrer des répercussions importantes. « Lorsque l’esprit est bondé, étriqué, il n’y a plus de respiration mentale, explique Isabelle Méténier. Le corps s’use, il ne peut plus se régénérer, les cellules vieillissent plus vite, des tensions musculaires apparaissent, l’organisme et le cerveau ont plus de mal à évacuer les toxines. Il n’y a plus de respiration mentale, le cerveau est encombré comme le foie lorsque l’on mange mal. »

C’est comme cela que peuvent apparaître les maladies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes, les cancers, les burn-out…

Comment se débarrasser de la fatigue mentale ?

Mieux vaut ne pas attendre d’être ‘au bout du rouleau’ pour prendre soin de soi ! Il est important de faire des pauses régulières, « car le cerveau a besoin de se ressourcer et, physiologiquement, de se nettoyer. En cas d’impossibilité, il s’encrasse et bugge », alerte Isabelle Méténier.

Que faire pour se détendre ?

Il y a de multiples façons de faire des pauses. Voici quelques propositions.

• Prendre le temps de regarder sa vie : « Il est primordial de se poser la question du sens que l’on veut donner à sa vie, de réfléchir à ce qui fera qu’on l’aura réussi », conseille la psychologue. Et, il ne faut pas le faire une fois pour toutes, mais régulièrement afin de réorienter ses choix si besoin. « Pour cela, il est indispensable d’avoir une bonne connaissance de soi, de savoir ce qui nous convient », précise-t-elle.

• Intégrer le repos dans sa vie : selon ses goûts, on peut opter pour de la méditation quotidienne, des mini-retraites en silence, du yoga, de la sophrologie, des marches dans la nature pour respirer… « Ces activités permettent de reposer l’esprit », affirme Isabelle Méténier. Le footing est un bon sport en soi, mais il s’agit d’être dans l’action, ce qui ne permet pas de faire un retour sur soi.

• Tenir un journal d’émotions : Ecrire les choses que l’on ressent évite qu’on ressasse et libère l’esprit. Penser aussi à y mentionner les choses positives et développer la gratitude.

• Etre empathique avec soi-même : On se dit parfois des choses peu bienveillantes comme ‘je n’y arrive pas’, ‘je ne suis pas très brillante dans ce domaine’, ‘je pourrai faire mieux si j’y mettais un peu du mien’… Toutes ces phrases négatives sont néfastes.

Il faut veiller à avoir un discours doux avec soi-même, être gentil, avoir de l’empathie, apprendre à se remercier, préconise la psychologue.

D’autant plus que le cerveau s’accroche naturellement aux pensées négatives. Alors, apprenons plutôt à cultiver les bonnes nouvelles pour être heureux !

• S’accepter tel qu’on est : on peut être vulnérable, ne pas être conforme à ce que nos parents souhaitaient, ce n’est pas grave ! Il faut simplement en prendre conscience et faire, avant tout, la paix en soi… et avec les autres !

Comment s’apaiser au quotidien ?

On peut avoir recours à différentes options :

• L’EFT (Emotional Freedom Technique): cette technique de libération émotionnelle consiste à tapoter du bout des doigts des méridiens d’acupuncture en s’exprimant sur le sujet qui pollue notre vie.

• La théorie polyvagale : permet de prendre conscience du système nerveux et du rôle du nerf vague et comment on peut le réguler grâce à la respiration abdominale.

• La psychologie positive : « il existe trois voies pour être heureux :  La vie plaisante où l’on a du plaisir grâce aux émotions agréables (vie hédonique) ; la vie engagée permet de s’organiser pour utiliser ses forces personnelles et s’engager dans l’action ; et la vie remplie de sens pour mettre ses forces au service d’une manière générale (de la nature, des autres, des animaux…). Il faut arriver à équilibrer ces 3 vies pour être serein. » C’est difficile à faire !

La spiritualité

Ce peut-être bien également de développer son intelligence spirituelle. Cette dernière est la conscience d’une certaine transcendance, de la diversité, de la pluralité des voies, de ce qui nous entoure est plus large que nous. Ce qui élargit les perspectives. Cela permet aussi d’apprivoiser son rapport à la mort. « C’est ce qui peut aider à transformer sa vie, car il y a quelque chose de plus grand pour guider l’être humain, lui montrer la voie. Cela permet de développer une honnêteté vis-à-vis de soi-même », précise la psychologue.

Si l’on vise à revenir à des choses plus simples, à une vie plus vraie et à se couper régulièrement des nouvelles technologies, on ira mieux. Nous avoir fait croire que le matériel comblait tout est un leurre !

Source : https://www.santemagazine.fr/sante/maladies/fatigue-physique-fatigue-mentale-quelles-differences-894707

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