Si le jeûne est une méthode si efficace pour traiter contre les maladies, de l’asthme aux effets secondaires de la chimiothérapie, pourquoi est-il si peu prescrit en France ?
Début janvier, Ali Rebeihi avait consacré une émission au jeûne thérapeutique. Devant l’affluence des questions des auditeurs, il a fait une seconde émission pour débattre de la question avec Thomas Uhl, naturopathe, Michel Lallement, chirurgien cancérologue, et Thierry de Lestrade, auteur du documentaire Le jeûne : une nouvelle thérapie ?
Pourquoi jeûner ?
Pendant des centaines de milliers d’années, l’espèce humaine a subi des périodes de famines qui succédaient à des périodes fastes. En conséquence l’organisme s’est adapté : “Quand vous mangez trop, vous stockez l’excès en prévision de ces périodes de disette et de famine” explique Thierry de Lestrade.
Il ajoute : “Aujourd’hui, dans nos sociétés industrialisées, nous vivons avec un frigo plein. Nous n’avons plus besoin de stocker – or on stocke toujours du gras. Il faut déstocker, c’est un besoin physiologique : le jeûne correspond à ce besoin-là.”
Les effets thérapeutiques du jeûne
Thierry de Lestrade note :
Le jeûne se révèle très efficace sur les maladies chroniques ou auto-immunes.
Il est prouvé que le jeûne apporte une amélioration notable lorsqu’on souffre des maux suivants :
- hypertension
- toutes formes d’allergies
- maladies de peaux
- maladies du système digestif
- asthme
- diabète de type 2
Thomas Uhl explique :
Pendant le jeûne, le système immunitaire se régénère, notamment par la mise au repos de l’organisme et permet ce grand travail de régénération, d’autolyse.
Notre médecine occidentale répond très mal aux maladies : on les traite mais on ne les soigne pas. Or elles impactent énormément la qualité de vie : une étude montre que l’espérance de vie en bonne santé (sans maladie chronique invalidante) régresse en France.
Michel Lallement, chirurgien cancérologue note que, dans la prévention des cancers, “un jeûne tel qu’il est proposé par Valter Longo pour accompagner la chimiothérapie est de trois jours, autrement dit il n’y a aucun risque pour la santé. Le plus souvent, au moins huit fois sur dix, les effets secondaires de la chimiothérapie sont très largement diminués. Dans mon expérience, c’est très net.”
Un constat empirique confirmé par l’étude qu’a menée Catherine Marinac sur le sujet dans la revue JAMA Oncology, avec 2400 femmes atteintes de cancer du sein et un recul de onze ans.
Le simple fait de jeûner 13h entre le repas du soir et le petit déjeuner du matin a réduit le risque de récidive du cancer de 36% !
Un commerce de la maladie ?
Avec de tels résultats, on peut s’interroger et se demander pourquoi il existe si peu d’études pour déterminer l’intérêt du jeûne ?
Pour Thomas de Lestrade, la réponse est évidente : “Aujourd’hui les essais thérapeutiques à grande échelle sont financés en grande partie par l’industrie pharmaceutique…”
L’industrie pharmaceutique n’a aucun intérêt à prouver l’efficacité d’un traitement à l’eau !

Thomas de Lestrade, dans la construction de son documentaire télévisé, avait été surpris par l’ampleur des études qu’ils avaient trouvées, notamment, en URSS : dans les années 50, le psychiatre Youri Nicolaev a permis à quelques patients atteints de schizophrénie de ne pas se nourrir et a observé une amélioration significative de leur état – comparé à ceux que l’on forçait à s’alimenter. Grâce à ses résultats, il a réussi à convaincre l’URSS de mener des études sur le jeûne thérapeutique dans l’ensemble du pays. À chaque hôpital dans les grandes villes comme Moscou, Leningrad, Kiev, Minsk ou Rostok sont étudiés les effets du jeûne sur différentes maladies : maladies des bronches, cardio-vasculaires, estomac, intestin, endocriniennes, digestives, articulaires ou osseuses, peau.
Aujourd’hui, ces études reposent dans les sous-sols de l’académie des sciences à Moscou ; elles n’ont jamais été traduites.
Mais, même si le jeûne est devenu une méthode thérapeutique courante en Allemagne et en Russie, Thomas Uhl note qu'”en France, il n’existe pas de jeûne thérapeutique en tant que tel. On est sur du jeûne de prévention, du jeûne de mieux-être, et qui nécessite un accompagnement qualifié pour pouvoir veiller sur les personnes qui jeûnent tout au long de la semaine”.
En savoir plus : https://www.franceinter.fr/societe/jeune-therapeutique-et-commerce-de-la-maladie