Le transhumanisme est la croyance que la technologie permettra un jour (bientôt ?) de remédier aux malheurs du monde en général, et de l’homme en particulier.

Vous pensiez que tout être humain est condamné un jour à souffrir, à mourir ?

Eh bien non ! Selon les « transhumanistes », les technologies sont en train de nous libérer de ces problèmes.

Vers 2035, ça devrait être réglé [1].

Émergera une nouvelle sorte d’homme qui n’aura plus aucune des limites qui nous caractérisent aujourd’hui.

Son intelligence sera illimitée grâce à un système d’intelligence artificielle branché sur son cerveau, vastement supérieur à l’intelligence naturelle de l’homme.

Cet homme pourra tout savoir, parce que toutes les connaissances humaines dans toutes les langues seront répertoriées sur Internet et qu’il y aura accès directement.

Il ne sera plus malade car, grâce aux modifications génétiques et aux biotechnologies, toutes les maladies pourront être soignées avant même qu’elles n’apparaissent.

Pour les mêmes raisons, il ne mourra plus : tous ses organes pourront être remplacés, ses cellules reprogrammées, et il aura la vie éternelle.

Ce sera donc une nouvelle espèce d’homme. Une espèce aussi différente des actuels êtres humains que nous le sommes des orang-outangs.

C’est pourquoi on parle de « trans-humanisme » : ces hommes auront des capacités tellement augmentées et améliorées que ce ne seront plus des humains. Ce seront des « transhumains ».

Un être humain augmenté et amélioré

Cette nouvelle espèce humaine sera omnisciente et éternelle. C’est déjà beaucoup.

Mais ce n’est pas tout.

Grâce aux prothèses bioniques, vous pourrez, si vous le souhaitez, remplacer vos jambes par des jambes mécaniques beaucoup plus robustes et vous permettant de courir beaucoup plus vite et sans vous fatiguer ! Vous pourrez vous faire poser des yeux qui voient dans le noir, ou même à travers les parois. Des oreilles qui détectent les bruits aujourd’hui inaudibles à l’oreille humaine !

Chacun pourra mener son propre projet de construction d’un autre lui-même, en toute liberté. Il sera d’ailleurs possible de passer par tous les stades, puisque nous aurons l’éternité devant nous.

Changer de couleur de peau, de sexe, de musculature, pour ensuite revenir en arrière et essayer d’autres voies.

Mieux encore : grâce aux techniques de « réalité augmentée » et de « réalité virtuelle », chacun pourra vivre dans le monde de son choix : famille, amis, événements.

Vous pourrez décider en un clic de vivre dans le plus beau des châteaux ou de séduire les plus grandes stars. Bien sûr ça ne se passera pas en vrai. Mais les techniques de manipulation du cerveau et des sensations seront tellement avancées que vous serez incapable de faire la différence entre ce qui se passe dans la réalité et la « réalité virtuelle » directement injectée dans votre cerveau, qui vous procurera des sensations rigoureusement identiques.

Existeront de plus des substances non toxiques que nous pourrons avaler pour flotter en permanence dans un état de bonheur parfait, sans accoutumance et sans aucun effet indésirable !

C’est du moins ce que promettent les transhumanistes.

image: https://www.santenatureinnovation.com/imgStore/Mark_Zuckerberg.png

Mark ZuckerbergMark Zuckerberg, PDG de Facebook, arrive à une conférence où tout le public est branché à des appareils de réalité virtuelle. Demain, ces appareils seront miniaturisés et peut-être implantés dans le cerveau pour générer à la demande tous les rêves et toutes les sensations désirées.

Le transhumanisme est une religion

Dans la mesure où il nous promet un avenir paradisiaque, la fin de toute souffrance et même la victoire sur la mort, le transhumanisme est une sorte de religion.

Plutôt que de « gagner votre paradis » en étant vertueux, vous le gagnerez en prenant un billet d’avion pour San Francisco et en allant faire fortune dans une start-up Internet. Vous serez ainsi parmi les premiers à bénéficier des nouveautés technologiques qui permettent le progrès vers le transhumanisme.

Les dirigeants de Facebook et Google revendiquent leur appartenance à la mouvance transhumaniste. Ils financent des projets pour faire avancer la robotique et l’intelligence artificielle. Ils croient qu’ils sont tout près de réaliser leur rêve et s’entourent de « techno-prophètes » qui leur promettent, moyennant quelques millions, qu’ils vont bientôt atteindre leur but.

Les grands enfants de Google et de Facebook

Toutefois, ce projet transhumaniste, qui paraît si fabuleux et tellement « à portée de la main », n’est à mon avis qu’une chimère.

Pour moi, c’est un rêve né dans le cerveau d’adolescents attardés élevés devant les télévisions pleines de Batman et de superhéros, habitués à confondre jeux vidéos et réalité.

Certes, ils perfectionnent constamment les jeux vidéos et autre cinéma en 3 dimensions. Mais quant à faire le bonheur des hommes et le soulager de toute douleur et toute maladie, je n’y crois pas une seconde.

Les plus âgés d’entre nous se souviennent des promesses équivalentes que nous faisaient les savants dans les années 80 au sujet des progrès prétendument imminents de la génétique.

Bientôt, en changeant nos gènes, ils allaient tout guérir, fabriquer à la demande de nouveaux organes et ainsi nous réparer comme des voitures. On nous annonçait tous les deux mois la découverte du « gène de l’immortalité » que, soi-disant, il suffirait d’allumer pour « tuer la mort ».

Trente années plus tard, et après avoir dépensé des centaines de milliards, les quelques tentatives de thérapie génique ont débouché sur des échecs ou des catastrophes [2]. Elles n’ont permis que des améliorations provisoires sur des maladies rarissimes : l’amaurose de Leber, l’adrénoleucodystrophie et le syndrome de Wiskott-Aldrich. Aucune révolution en vue. La plupart des grands programmes de recherche arrêtés.

À 99,9 %, la génétique chez l’être humain ne sert pas à guérir des malades. Elle sert à créer des enfants sans défauts en sélectionnant à l’avance les gamètes, embryons ou les fœtus qui ont des caractéristiques génétiques indésirables (ou jugées comme telles). Ou à tripoter les gènes pour fabriquer des organismes génétiquement modifiés. C’est très différent du projet de guérir des maladies, soit la révolution qu’on nous annonçait pourtant.

Les progrès thérapeutiques (pour guérir) de la génétique sont sans proportion aucune avec les sommes dépensées, les promesses annoncées, ni les progrès obtenus grâce aux moyens de traitements conventionnels qui, eux, se sont améliorés, comme par exemple le traitement de la mucoviscidose.

Mais qu’en savent les créateurs de Google, Larry Page et Sergueï Brin, ou le jeune Mark Zuckerberg de Facebook ?

Dans leur domaine, l’informatique, ils sont excellents. Je me sers tous les jours du moteur de recherche Google qui me rend bien des services. Je leur suis aussi reconnaissant qu’aux ingénieurs qui ont conçu mon Citroën Jumpy. C’est dire, car mon Jumpy marche du feu de Dieu !!

Mais question histoire, culture, philosophie, médecine, avenir de l’homme et de l’humanité, ces sympathiques ingénieurs ne me paraissent pas crédibles. Ont-ils seulement lu les ouvrages fondamentaux, Aristote, Pascal, Lévinas, pour réfléchir à ce qu’est un homme, ce qui fait son bonheur, le sens de sa vie ?

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GoogleLes fondateurs de Google (à droite et à gauche de la photo) sont d’excellents ingénieurs mais aussi de grands enfants. Les voici très affairés à fabriquer des bonshommes en Lego.

En ce qui me concerne, j’ai des doutes. Bien qu’ils soient en général bourrés de diplômes, chaque fois qu’ils ouvrent la bouche pour parler d’autre chose que de leur métier (les sites Internet), j’ai l’impression d’entendre de grands enfants. Ils ne formulent que les lieux communs les plus éculés. Ils semblent répéter ce qu’ils ont entendu la veille au soir dans un débat à la télévision.

Mark Zuckerberg, en particulier, est le spécialiste des déclarations creuses exaltant le politiquement correct, faites pour plaire à tout le monde et surtout aux journalistes de la presse dominante. C’est un garçon qui ne semble avoir aucune idée à lui. On a l’impression qu’il lit le New York Times (le journal favori des bobos américains) pour savoir ce qu’il doit penser, et qu’il se contente de répéter comme il peut leurs âneries sur son site Internet [3].

Ce qui est aussi frappant avec les transhumanistes, c’est qu’on a affaire à des gens qui ont tous réussi très jeunes tout ce qu’ils entreprenaient (comme le transhumaniste français Laurent Alexandre, diplômé d’HEC, de l’ENA, médecin et ayant gagné des millions en vendant le site Doctissimo). On comprend que la fortune et le pouvoir ne les intéressent plus (ou pas plus que ça) et qu’ils cherchent une nouvelle forme de compétition où triompher.

Si vous me passez l’expression, on croirait un peu des enfants qui jouent à celui qui fait pipi le plus loin.

La vraie destinée de l’homme

Je sais que ce n’est pas gentil de ma part de me moquer de ces jeunes gens. Après tout, personne ne détient la vérité sur la vie, la mort, la solution aux maladies, et moi pas plus que les autres, évidemment.

Mais soyons sérieux : ont-ils mis les pieds, récemment, dans un hôpital, une maison de retraite, ou dans la salle d’attente d’un médecin de quartier ?

Prennent-ils le métro ? Se promènent-ils dans la rue ? Dans les administrations ? Dans les entreprises ? Regardent-ils le visage, les yeux des êtres humains en chair et en os qui peuplent le monde réel ?

Je ne parle pas des mannequins rafistolés sur Photoshop qui s’affichent sur l’écran tactile de leurs iPhones.

Je parle de nos frères humains, qui nous entourent. Tous ceux qui sont actuellement en cancérologie. Tous ceux qui sont en psychiatrie. Tous ceux qui sont en rhumatologie. Tous ceux qui souffrent d’asthme, de diabète, de lupus, d’hémorragies intestinales, qui ont subi des pontages, l’ablation de la prostate, ou qui sont défigurés par les maladies de peau.

Toutes les femmes souffrant des symptômes de la ménopause, de migraine, ou affligées de règles douloureuses, autres problèmes face auxquels la médecine moderne n’a pratiquement rien à proposer.

Comment osent-ils claironner que leurs joujoux Internet sont sur le point de résoudre toutes ces fatalités ?

Que disent-ils de la baisse d’efficacité des antibiotiques, qui nous rend plus vulnérables aux maladies infectieuses que nous ne l’étions en 1980 ? Que disent-ils à toutes les victimes du Vioxx, des antidépresseurs, de la Thalidomide, du Dépakine, du Médiator et du Buflomédil ? Des victimes de prothèses du sein défectueuses ? Il semble pourtant qu’une prothèse de sein est moins compliquée qu’un œil bionique.

Que disent-ils, enfin, des chiffres de la longévité qui régressent, de l’épidémie de stérilité chez les couples (un sur six désormais en France), de la multiplication des cas d’autisme, d’hyperactivité, d’allergies, de maladies digestives et des cas précoces de maladie de Parkinson et surtout d’Alzheimer, contre laquelle il n’y a pas le moindre traitement, quel qu’il soit ???

Concernant l’intelligence et le savoir, enfin : comment peuvent-ils affirmer que leurs moteurs de recherche sont en train d’améliorer les capacités intellectuelles de l’être humain ?

En ce qui me concerne, j’ai l’impression curieuse d’une raréfaction des articles intéressants, bien écrits, originaux sur Internet. Les copier-coller, les traductions à la va-vite se répandent.

Google et Facebook ne créent rien. Ce sont des machines à reproduire à l’infini des textes et images. C’est très utile, je m’en sers constamment. Mais il semblerait aussi que ce soient souvent les contenus les plus scandaleux, les plus diffamatoires qui circulent le plus.

Quant à l’intelligence artificielle, il y a de vrais progrès. Mais il reste que le correcteur d’orthographe de mon ordinateur continue à ajouter des fautes à mes messages. Ma voiture « intelligente » déclenche des alarmes, presque des sirènes à chaque créneau alors que je vois parfaitement dans mes rétroviseurs que j’ai la place.

Oui, ils progressent, personne ne dira le contraire.

Google nous apporte tous les jours des choses positives.

Mais de là à annoncer la fin des maladies et la vie éternelle pour 2035 : restons sérieux !

D’ici là, peut-être devraient-ils envisager sérieusement de s’inscrire à Santé Nature Innovation pour un cours de rattrapage sur la santé et le bon sens ?

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Découvrez en plus ici : https://www.santenatureinnovation.com/quest-ce-que-le-transhumanisme/#OOc2COAQFDh6zIih.99

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