Le monde d’après et sa grande fragilité

Que peut-on attendre des propositions thérapeutiques, telle que le jeûne médicalisé, face aux techniques actuelles définies comme “académiques” (“Manger moins-Bouger plus”) ? Autant de questions, autant de réponses à édifier judicieusement en s’appuyant sur un référentiel scientifique récent mais abondamment fourni.

Il importe, avant toute démarche thérapeutique, de comprendre pourquoi l’humanité s’est transformée en une espèce majoritairement obèse ou en surpoids en quelques décennies. Et se donner les moyens de lutter contre ce fléau.

L’opportunité très récente à l’échelle de l’histoire de l’humanité, de pouvoir se nourrir sans effort et sans limite et de faire moins d’exercices physiques est une explication qui “tient encore la route”. Nous l’avons évoqué lors des Newsletters précédentes.

Mais rappelons (voir Dossier 2) qu’il existait d’autres causes intriquées, multiples et alambiquées, qu’il est aujourd’hui difficile de remplacer ou d’abandonner sans changer radicalement de politiques générales (alimentaires industrielles, commerciales, familiales) et de politique de santé (1), et ceci tant à l’échelle individuelle qu’à l’échelle mondiale.

Le “monde d’après”, expression contemporaine à la pandémie de COVID-19, devra tenir compte de ces changements de production et de consommation alimentaires, potentielles et inéluctables, afin de ne pas perpétuer la tendance actuelle à “fabriquer” des malades (2). D’autant qu’il existe une relation significative dans ce contexte viral, entre la gravité de l’infection au COVID-19 et l’obésité qui est la comorbidité la plus courante (3) avec le grand âge.

Autant la pandémie de COVID-19 est exubérante et visible par sa brutalité réelle et médiatique, autant la pandémie d’obésité est discrète, permanente et mondiale depuis au moins 3 décennies, sans cesse croissante et bien plus mortelle que celle vécue actuellement du fait du COVID-19 (2). Les maladies non transmissibles (MNT), dont l’obésité fait partie avec ses complications cardio-pulmonaires et métaboliques, ont représenté en 2018 71 % des décès dans le monde et 60% des coûts de santé en France (les prévisions pour 2030 sont de 88 %) (7). “Hier encore, on mourait de maladies, aujourd’hui, elles nous accompagnent toute notre vie” (8).

Pas de vaccin, pas (encore) de pilule pour maigrir ; devant l’inefficacité médicale, qui s’est traduit ces dernières années par une stabilisation voire une baisse de l’espérance de vie (9), il faut donc s’engager dans la voie de la connaissance et toujours s’obstiner à évaluer, comprendre et concevoir des alternatives thérapeutiques, pour enfin pouvoir prévenir et traiter.

Il existe heureusement quelques pistes concrètes prometteuses.

Mais avant tout, découvrons les principales raisons qui nous empêchent de maigrir.

Cette obsession qui contribue au fléau…

L’ampleur du fléau, que représente l’obésité, oblige à cibler et à combattre en priorité les raisons obésogènes les plus tenaces. Il faut gagner du temps.  Resserrons notre démonstration à deux causes essentielles qui suffisent à expliquer, dans un monde d’abondance alimentaire, la tendance à évoluer vers la prise de poids :

1 explication intrinsèque lié à notre évidente aptitude à stocker efficacement des réserves

1 explication extrinsèque liée à la consommation naturelle mais aujourd’hui abusive et trop fréquentes d’aliments contenant des glucides et des protides, qui favorisent des réponses organiques spécifiques : la sécrétion adaptée mais trop fréquente de pics d’insuline dans le sang !

L’explication intrinsèque :

Pour expliquer la prise de poids à l’échelle de toute une vie, notre métabolisme alimentaire a bien sur une part dominante dans l’observation du phénomène d’obésité.

Mais que sous-entend la notion de métabolisme ?

Les espèces vivantes ont un besoin fondamental de se nourrir pour survivre, se reproduire, grossir et grandir. Cela impose au sein de notre propre corps des réactions chimiques qui consomment de l’énergie. Constater que la préoccupation principale de tous les organismes vivants se résume à la recherche de nourriture est une évidence. Les animaux ne font rien d’autre, ou peu de choses; construire un nid (épisodiquement), s’accoupler (rapidement), se reproduire (annuellement) et dormir (fondamental pour dépenser moins d’énergie et réparer l’organisme). Pour les plantes, la recherche de lumière au niveau de la canopée et l’absorption des nutriments au niveau du sol évoque une recherche quotidienne d’énergie et justifie les luttes permanentes entre les espèces végétales.

Ne pas acquérir et ne pas profiter de cette énergie serait un drame pour le bon fonctionnement minimal quotidien de notre organisme (on parle alors de métabolisme de base); cela nous interdirait d’effectuer les réactions chimiques vitales pour respirer, penser, se déplacer et digérer. L’alternative à l’apport extérieur d’aliment est la consommation des réserves pour entretenir un métabolisme suffisant pour ne pas mourir. Cela fonctionne assez bien. C’est même grâce à cette faculté qu’après quelques heures sans repas, nous ne mourrons pas. C’est la même chose après quelques jours…

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Nos organismes sont donc des “machines” armées pour acquérir de l’énergie (par nos aliments) et pour la conserver. Ce sont les gènes de chacune de nos cellules qui nous aident à profiter de notre environnement. C’est par le biais de voies de signalisations biochimiques spécifiques que les ressources extérieures sont accaparées, dès que cela est possible, en envoyant des signaux complexes au niveau de chaque organe, qui incessamment contribue alternativement avec d’autres organes à la nutrition cellulaire.

Mais nos organismes sont aussi des “machines” destinées à la sauvegarde de cette si précieuse énergie par d’autres voies de signalisation biochimiques.

Acquérir et conserver l’énergie sont des “obsessions” naturelles.

Est-ce vraiment cela l’évolution humaine ?

Ce ne sont pas les mêmes voies du métabolisme qui gèrent les apports de nutriments externes (alimentation) ou internes (consommation de nos propres graisses). L’une ou l’autre de ces voies impose un changement de métabolisme c’est-à-dire d’organisation biochimique et hormonale pour “profiter soit de l’énergie alimentaire, soit de celle fournie par nos propres réserves (10). Et tout changement de fonctionnement de notre corps requiert une période d’adaptation (plus ou moins inconfortable…).

Pendant quelques centaines de milliers d’années, la disponibilité de l’énergie alimentaire n’a pas été permanente pour les primates puis pour les humains (c’est actuellement toujours problématique à certains endroits du globe avec environ 690 millions d’êtres humains qui souffrent de la faim en 2021 et environ 2 milliards en insécurité alimentaire). C’est bien cette pénurie ordinaire qui a fait de nous au fil du temps des êtres extrêmement efficaces pour préserver notre si vitale énergie. Nos prédispositions à faire des réserves, actives à souhait, expliquent à elles seules les difficiles voies qu’il faudra suivre pour espérer maigrir. La 2ème partie du 20ème et le 21ème siècle ont été les années d’abondance en termes de quantité alimentaire ; on a bien profité. L’accroissement du phénomène d’obésité apparue en occident au 20ème siècle depuis les années 50, amplifiées après les années 90,  s’est aggravé pendant le siècle actuel sur toute la planète. Cette progression rapide remarquée par les médecins et les statisticiens a été longtemps imperceptible par la majorité de la population, jouissant d’un côté du plaisir de ne manquer de rien et de l’autre de ne souffrir que tardivement des effets de l’obésité. Aujourd’hui les victimes de notre efficace aptitude à faire des réserves sont si nombreuses qu’elles représentent un réel fardeau sanitaire, social et économique impossible à supporter pour nos sociétés. Il est donc primordial et urgent de chercher des solutions à tous les niveaux.

Donnons-nous rendez-vous pour la suite des explications dans le prochain dossier !

Docteur Philippe Guérin

Le Docteur Philippe Guérin encadre les séjours dans notre institut Jeûne & Santé dans le respect des règles sanitaires

 – Une approche globale médicalisée et personnalisée.
– Une perte de poids durable
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    Références

    (1) Beyond obesity and lifestyle: a review of 21st century chronic disease determinants. Egger G, Dixon J.Biomed Res Int. 2014;2014:731685.

    (2) La fabrique de l’obésité. Yves LEERS. E. BUCHET-CHASTEL. 2020

    (3) Diabetes, obesity, metabolism, and SARS-CoV-2 infection : the end of the beginning. Daniel J. Drucker Cell Metab. 2021 Mar 2; 33(3): 479–498.

    (4) Dr Jason FUNG. Le code obésité. Ed. TRECARE 2015

    (5) Resting energy expenditure in short-term starvation is increased as a result of an increase in serum norepinephrine. C Zauner and Col.  Am J Clin Nutr. 2000 Jun ;71(6) :1511-5.

    (6) Le temps de l’alimentation en France. Thibaut de Saint Pol, laboratoire de sociologie quantitative, Crest Insee Première N°1417 (12/10/2020) https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281016

    (7) https://assurance-maladie.ameli.fr/sites/default/files/2020-07_rapport-propositions-pour-2021_assurance-maladie_1.pdf

    (8) Les maladies chroniques. Vers la 3e médecine, Editions Odile Jacob, 2017

    (9) Epidemiology and Population Health Impact of overweight, obesity and severe obesity on life expectancy of Australian adults Thomas Lung and Col. International Journal of Obesity oct.2018.

    (10) Voyage en biochimie Voyage en biochimie – Circuits en biochimie humaine, nutritionnelle et métabolique; Bernadette Hecketsweiler, Philippe Hecketsweiler.3e édition (Elsevier)

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