Jeûne et détox d’après le Docteur Lionel COUDRON

Jeûner est facile, ne présente aucun danger et est à la portée de tous. Voilà une affirmation qui dérange. Pour le Dr Lionel Coudron, médecin, spécialiste de la nutrithérapie et yogathérapeute, notre corps supporte mieux la privation que l’excès. Incluant des scénarios pour jeûner chez soi sans préparation et une présentation des différentes techniques, son guide mise sur la simplicité de l’expérience

Le nettoyage cellulaire

Durant le jeûne, la cellule se trouve privée de glucose, mais elle bénéficie de l’apport d’autres sources de carburant. Cependant cette modification du métabolisme se fait à l’économie.

Il existe un véritable stress métabolique et les cellules qui se nourrissent habituellement de glucose vont s’adapter pour passer en mode « vaches maigres ». La cellule va réduire son métabolisme, puisqu’elle ne dispose que de peu d’énergie. Cela se produit dans les cellules saines ; quant aux cellules dysfonctionnelles, elles ne vont pas résister au jeûne. Elles vont se résorber. Intervient alors un phénomène d’autolyse, c’est-à-dire une destruction accélérée de ces cellules et leur élimination.

De fait, le jeûne est exactement l’inverse des processus de surcharge alimentaire qui provoquent oxydations et inflammations. Le jeûne provoque au contraire une réduction de ces phénomènes. De plus, comme la « nourriture » manque, les cellules détruites vont servir d’aliments en priorité. Cela explique la vertu de régénération du jeûne. Il opère un véritable nettoyage au sein même des tissus qui se débarrassent des cellules ne répondant pas aux meilleurs critères. Par la pression sélective, seules les bonnes cellules vont rester.

Les autres paramètres

Il va de soi que durant le jeûne, tous les paramètres métaboliques sont affectés et vont concourir à l’utilisation optimale des ressources de l’organisme, à la fois pour épargner les éléments les plus précieux et pour produire ce dont il a besoin. Le mécanisme d’autolyse, ou d’autophagie, (« se manger soi-même » : processus physiologique de décomposition et de recyclage des composants cellulaires défectueux) dont nous venons de parler, fonctionne à tous les niveaux pour permettre d’éliminer les surcharges et les substances dites « xénobiotiques », c’est-à-dire étrangères, autrement dit les toxiques qui viennent de l’extérieur du corps et qui ont pu s’y déposer ou qui y transitent. Ainsi, la fonction hépatique d’élimination de toutes les substances toxiques pour l’organisme va s’accentuer. Votre foie va mieux remplir son rôle de détoxication en augmentant sa faculté à piéger par exemple les pesticides, les médicaments, mais aussi les substances toxiques produites par l’organisme lui-même, comme l’urée. Le foie accentue les mécanismes de transformation des substances toxiques en substances neutres, pour les rendre inoffensives et les éliminer, soit directement par la bile soit par les reins.

C’est une action importante et particulièrement intéressante mais intense qui se produit lors du jeûne. Toutefois, avec la fonte des graisses, il est possible qu’une grande quantité de toxiques liposolubles soient libérés brutalement dans la circulation, ce qui oblige le foie à s’activer encore plus (en effet, ces toxiques sont stockés majoritairement dans le sang) Il faut donc être vigilant car parfois des troubles peuvent survenir. Vous pouvez alors aider votre foie dans sa détoxication par un apport ponctuel de plantes telles l’artichaut, le pissenlit, et le chardon-Marie, qui sont tous trois stimulants pour le foie. Cela peut se manifester par des maux de tête, des éruptions cutanées, une aggravation des douleurs, signes qui peuvent être confondus avec la cétose.

Ces processus peuvent durer de 24h à plusieurs jours. Ils sont d’autant plus importants que vous avez une surcharge pondérale en masse grasse, qui a pu stocker ces substances très solubles dans les graisses et que vous avez pu prendre des traitements médicamenteux qui se sont accumulés. Dans ce cas, en buvant abondamment de l’eau, vous aiderez de manière importante cette élimination par voie urinaire et pas seulement hépatique. En effet, de nombreux toxiques, après avoir été neutralisés par le foie, sont bien souvent éliminés dans un second temps par les reins.

En définitive, tout l’organisme, durant le jeûne, déclenche des mécanismes qui vont lui permettre de survivre le plus longtemps possible, en préservant sa masse musculaire et toutes ses fonctions essentielles, en stimulant ses capacités psychiques d’adaptation et enfin, en optimisant toutes ses voies métaboliques. Le corps devient plus « affûté », plus efficace par contrainte et va directement à l’essentiel.

L’hypothèse anticancer

Parmi les cellules qui ne résistent pas à un environnement sans glucides, les cellules cancéreuses sont particulièrement agressées et atteintes, comme les suggèrent les travaux de Valter LONGO. Les cellules cancéreuses n’ont pas le matériel génétique des cellules saines qui leur permettrait une adaptation, elles vont donc mourir beaucoup plus vite et s’autodétruire, diminuant ainsi le volume des masses tumorales. Lorsque ces masses ne sont constituées que de quelques cellules, cela permet de stopper net leur prolifération. Le jeûne régulier, comme il était présent dans de nombreuses civilisations, semblerait être un bon moyen de réduire spontanément des amas de cellules cancéreuses, pouvant potentiellement induire ensuite des cancers déclarés, et stopper net des processus cancéreux en construction.

C’est donc en toute légitimité que l’on peut avancer que le jeûne est l’une des meilleures armes anticancer préventives que nous ayons à notre disposition. Pour le moment ce ne sont que des faisceaux d’arguments qui nous amènent à cette conclusion. Nous ne disposons pas encore d’études scientifiques avec deux groupes, dont l’un jeûnerait et l’autre non, pour constater après vingt ans les différences. Mais je suis personnellement intimement convaincu de cet effet préventif sur le cancer.