Quand je dis autour de moi que la médecine moderne va droit dans le mur, cela suscite l’étonnement.

La plupart des gens ont au contraire l’impression de progrès spectaculaires : imagerie médicale, transplantations, chirurgie robotisée, ingénierie génétique…

Les journaux annoncent presque quotidiennement des progrès incroyables. Ces derniers jours encore, on apprenait qu’il était désormais possible de restaurer la vue dans certains cas grâce à des « implants rétiniens ». Cela consiste à implanter des photorécepteurs artificiels dans l’œil des personnes souffrant de dégénérescence maculaire. Ces implants stimulent les cellules nerveuses fonctionnelles de la rétine et transmettent la stimulation au cerveau via le nerf optique. C’est pas du progrès, ça ?

Mais la médecine moderne a deux visages.

Où sont les êtres humains ?

D’un côté, il y a la médecine qui fait les unes des journaux, et la fortune de certains entrepreneurs dans les biotechnologies : nouvelles molécules, nouvelles prothèses, cœur artificiel, implants rétiniens, pacemakers, découvertes génétiques, etc.

De l’autre, et c’est le revers de la médaille, il y a la face obscure de la médecine. La médecine qui laisse en plan les principales souffrances qui frappent l’humanité, comme si ce n’était pas son problème.

Selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) paru le 14 mai 2014, la dépression est aujourd’hui la principale maladie affectant les adolescents dans le monde entier. Viennent ensuite les maladies et problèmes de santé liés au tabac, à la drogue, à l’alcool, le sida, la nutrition, la violence et l’automutilation (!). Les suicides représentent la troisième cause de mortalité de nos jeunes à l’échelle mondiale [1].

Ce rapport montre aussi que moins d’un adolescent sur quatre effectue suffisamment d’exercice physique, soit au moins une heure par jour. Que la grande majorité, y compris dans les pays développés, se nourrit extrêmement mal.

Dans certains pays, un adolescent sur trois est obèse. Cela veut dire que tous ces adolescents seront demain, et pour certains dès aujourd’hui, les proies du diabète, des maladies cardiovasculaires, de l’arthrose, du cancer, de la stérilité, de la dépression et j’en passe. Car chez l’être humain, tout est lié.

Ces problèmes vont-ils être résolus uniquement par nos chercheurs qui cherchent la nouvelle molécule miracle, le nouveau gène, le nouvel implant ? Non ! Bien sûr que non.

La solution ne viendra que d’une révolution douce, où la médecine reprendra conscience de sa mission : prendre soin des personnes humaines, avec toutes leurs dimensions, toutes leurs fragilités, et toutes leurs forces, y compris leurs forces morales et spirituelles.

La technique, oui, mais à condition qu’elle reste dirigée vers le bien des êtres humains, qu’elle soit au service de la relation médecin-patient.

Médecine pour tous ou pour personne ?

Médias et hommes politiques n’ont à la bouche que des slogans sur la « médecine pour tous » et « l’accès généralisé aux soins ». En réalité, notre médecine est surtout devenue une médecine à la chaîne, industrielle et anonyme, où vous avez parfois l’impression d’être traité comme un animal.

On vous vaccine, on vous perfuse, on vous « met sous traitement », on vous opère, et l’on vous engueule si vous vous plaignez.

Retour aux temps obscurs

Mais à force de considérer la maladie comme de simples facteurs biologiques à corriger indépendamment de la personne qu’on traite, la médecine court un risque inattendu.
Celui de retourner aux temps obscurs où la maladie était considérée comme une malédiction divine, où le malade croyait qu’il ne pouvait rien faire pour hâter sa guérison sinon se confier corps et âme aux sorciers qui lui promettaient de le libérer des maléfices.
Or, aujourd’hui, que demande-t-on au malade à l’hôpital ? De s’en remettre à la Science, même s’il n’y comprend rien, tout comme on demandait autrefois au malade de s’en remettre aux pratiques mystérieuses du sorcier.
Le malade qui passe dans des machines (radios, scanner, IRM) produisant des images colorées auxquelles il ne peut rien comprendre, qui subit des examens et analyses truffées d’acronymes que personne ne lui explique, qui avale des médicaments aux noms bizarres (salbutamol, ézétimibe…) sans avoir la moindre idée de leur mécanisme d’action ni de leur danger, n’est plus très éloigné de l’homme, dans la tribu primitive, qui se soumet aux rites imposés par le guérisseur.
Le résultat est que de plus en plus de gens se laissent aller à la fatalité. Ils oublient que c’est d’abord à eux qu’il revient de se prendre en main, pour retrouver durablement la santé.

Médecin ou sorcier ?

Le médecin se rapproche du sorcier quand il cède à la tentation de s’adresser à son patient comme à un enfant incapable de comprendre, et se comporte comme s’il détenait seul les formules magiques capables de guérir.
Son jargon n’est plus accessible au commun des mortels. Le malade est alors obligé de se soumettre sans comprendre aux procédures qu’on lui impose, exactement comme l’ensorcelé s’adressant au sorcier.
À une infirmière qui posait un « monitoring » à ma femme qui allait accoucher, je me suis permis de demander que représentaient les différentes courbes et numéros qui s’affichaient sur les écrans. « Là, c’est la saturation en O2, ici c’est la tension diastolique » me répondit-elle, ou quelque chose du genre, avant de s’enfuir, comme si ce charabia pouvait avoir la moindre signification pour la personne lambda.

Une erreur colossale

Il est normal, nécessaire même, que les scientifiques se préoccupent de médecine.
Mais la médecine n’est pas seulement une science. C’est aussi un art. Un art qui fut développé par des personnes habitées de sentiments humanistes et charitables, qui voulaient aider leur prochain à mieux vivre en soulageant leurs douleurs.
Quand vous avez affaire à une personne obèse, tabagique, alcoolique, sédentaire, dépressive, vous ne pouvez pas vous contenter de lui prescrire des analyses et des médicaments. Les qualités humaines, l’écoute, la compassion, le bon sens, sont indispensables pour réussir à vraiment l’aider.
On attribue cette phrase au fondateur de la médecine expérimentale, Claude Bernard : « Le microbe n’est rien, le terrain est tout » [2].
C’est une manière de dire qu’il faut s’intéresser à la personne avant de s’attaquer à la maladie.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis

Découvrez en plus ici : https://www.santenatureinnovation.com/la-medecine-va-droit-dans-le-mur/#p33s4CLKhIdgyKLT.99

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