Aujourd’hui, petit cours d’approfondissement sur les huiles essentielles.

Je vais vous ennuyer avec des mots savants, mais c’est pour la bonne cause : certains composés présents dans les huiles essentielles pourraient être la clé pour vaincre le cancer. Cela mérite des explications.

En effet, les huiles essentielles contiennent des composés chimiques qui ont le même effet que la chimiothérapie et la radiothérapie. La différence, remarquable, c’est qu’elles n’abîment pas les cellules saines.

C’est le miracle auquel les cancérologues ne parviennent pas. Avec la chimiothérapie et la radiothérapie, ils attaquent les tumeurs cancéreuses. Mais ils causent tant de dégâts en même temps aux cellules saines qu’ils sont souvent obligés de limiter ou d’arrêter le traitement pour ne pas tuer le patient. C’est alors que, trop souvent, la tumeur reprend le dessus.

Mais les huiles essentielles pourraient ne pas avoir le même défaut.

Avantages et défauts de la chimio et de la radio pour soigner le cancer

Radio et chimio agissent principalement contre le cancer en déclenchant une surproduction de radicaux libres dans les cellules cancéreuses.

Ces radicaux libres sont connus en médecine sous leur appellation anglaise de Reactive Oxygen Species, ou ROS.

Ce sont des molécules agressives, « carnivores » pourrait-on dire, qui abîment les cellules et peuvent provoquer leur mort.

Mais c’est un avantage quand il s’agit de cellules cancéreuses, qu’on cherche à détruire. C’est ainsi que la chimio et la radio agissent, au moins en partie, pour rétrécir la taille des tumeurs.

Le problème est que ces thérapies ne ciblent pas seulement les cellules cancéreuses. Elles détruisent toutes les cellules qui se divisent rapidement. Or nous avons beaucoup de cellules à division rapide dans le corps autres que les cellules cancéreuses : cellules sanguines, cellules responsables de la croissance des cheveux et de la régénération de l’épithélium intestinal (la couche interne des intestins), cellules des papilles gustatives et de l’odorat, qui toutes se renouvellent en quelques jours.

La radio et la chimio ont des effets ravageurs sur toutes ces cellules, ce qui explique pourquoi les personnes traitées contre le cancer perdent leurs cheveux, ont des nausées, etc.

En fait, si vous dressez la liste des effets indésirables de la chimiothérapie et de la radiothérapie, vous vous apercevez que ces problèmes sont tous liés à la destruction des cellules à renouvellement rapide.

Les personnes soumises à ces traitements peuvent :

  • perdre leurs cheveux ;
  • souffrir d’infections à cause de la destruction des globules blancs ;
  • souffrir d’anémie à cause de la destruction des globules rouges ;
  • souffrir d’hémorragies à cause de la destruction des plaquettes ;
  • perdre le goût et l’odorat à cause de la destruction des cellules sensorielles de la bouche et du nez ;
  • souffrir de diarrhée, de problèmes digestifs et de malabsorption des nutriments à cause de la destruction des cellules épithéliales dans l’intestin.

Depuis cinquante ans, les chercheurs tentent d’améliorer les traitements pour les rendre plus sélectifs et éviter ces problèmes pénibles. Mais les progrès sont très lents. Les effets indésirables sont variables selon les personnes et les types de traitements, mais ils sont toujours présents au moins en partie.

Intérêt des huiles essentielles contre le cancer

Les huiles essentielles sont des mélanges de molécules principalement issues de deux familles : les terpénoïdes et les phénylpropanoïdes.

Or il se trouve que de nombreux terpénoïdes déclenchent eux aussi la production de radicaux libres dans les cellules cancéreuses (plus précisément, dans les mitochondries des cellules cancéreuses).

Vous vous souvenez que c’est précisément l’effet provoqué par la chimio et la radiothérapie.

Ces radicaux libres abîment la cellule. En quantité suffisante, ils sont capables de la tuer.

Mais à la différence de la radio et de la chimio, certains terpénoïdes présents dans les huiles essentielles, comme le -caryophyllène, déclenchent une surproduction de radicaux libres dans les cellules cancéreuses sans augmenter le stress oxydatif, c’est-à-dire les radicaux libres, dans les cellules normales.

De plus, de nombreuses études montrent que des terpénoïdes et des agents aromatiques fréquemment rencontrés dans les huiles essentielles peuvent déclencher le processus de mort naturelle des cellules cancéreuses (apoptose) et réduire la vascularisation de la tumeur (création de vaisseaux sanguins venant nourrir la tumeur et donc accélérer sa croissance).

Cet effet anti-vaisseaux sanguins – on dit « anti-angiogenèse en langage médical – est recherché par la médecine comme le Saint-Graal de la lutte contre le cancer. On a cru l’avoir trouvé il y a dix ans avec un nouveau médicament appelé Herceptine, mais les effets sur les patients se sont révélés totalement inexistants.

Les huiles essentielles sont bien absorbées par le corps (biodisponibilité)

Les huiles essentielles ont, de plus, l’avantage d’être bien absorbées par le corps.

Elles combinent, en effet, un poids moléculaire faible avec une absence de polarité.

Cela les rend facilement absorbables par voie interne (en les avalant) comme en les respirant ou en les appliquant sur la peau. Cela leur confère une grande biodisponibilité.

Une fois absorbées, elles restent environ trois jours dans l’organisme, avant d’être éliminées à 85 % par les urines et par les selles pour le reste. Durant cette période, les composés des huiles essentielles circulent dans le sang et peuvent exercer leur action dans leur forme originale ou à travers leurs métabolites, c’est-à-dire les produits chimiques issus de leur transformation.

Étant déjà très utilisées comme arômes ou parfums naturels dans l’alimentation et les produits cosmétiques, leurs effets secondaires sont bien connus et les huiles essentielles non toxiques sont bien identifiées.

Enfin, par rapport aux médicaments de synthèse, les huiles essentielles sont faciles et bon marché à produire, et elles ne sont pas protégées par des brevets.

Des études scientifiques ont montré les effets des huiles essentielles sur les cellules cancéreuses

De nombreuses études in vitro (en éprouvette) ou sur des rongeurs (souris, rats et hamsters) ont été menées pour étudier l’effet des huiles essentielles sur le cancer.

Des effets antitumoraux ont été observés en association avec une chimiothérapie. Par exemple, la combinaison de géraniol (extrait d’huile essentielle) avec du 5-fluorouracil (produit de chimiothérapie) réduit de 53 % le volume d’un cancer du côlon chez les souris, alors que la chimio seule n’a aucun effet et que le géraniol seul ne la réduit que de 26 % [1].

Une combinaison de géraniol avec du docétaxel (le produit de chimio qui vient d’être interdit en France suite à une série de décès dans le traitement du cancer du sein [2]) pendant 38 jours réduit le volume des tumeurs du pancréas (les plus mortelles) de 70 %, une multiplication au moins par trois de l’efficacité par rapport au groupe contrôle [3].

La revue d’études la plus complète que vous puissiez trouver sur l’effet des huiles essentielles sur le cancer est un article intitulé « Anticancer Activities of Essential Oils Constituents and Synergy with Conventional Therapies : A Review », publié dans la revue Phytotherapy Research le 16 mai 2014, par une équipe française du CNRS dirigée par Jean-François Lesgards de l’université d’Aix-Marseille.

Il est en anglais, mais absolument passionnant et assez facile à comprendre pour nous, ayant été rédigé par des francophones.

Il détaille les impressionnants effets antitumoraux de composés terpéniques et aromatiques des huiles essentielles dans des dizaines d’études, avec des réductions des cellules tumorales (cancéreuses) allant fréquemment jusqu’à 80 %, voire 100 %. Et les auteurs concluent :

« Un très grand nombre d’études suggèrent que les terpénoïdes naturels comme le limonène constituent une nouvelle classe de médicaments anticancer ayant la capacité de provoquer une régression des tumeurs avec peu de toxicité. De plus, de nombreuses études ont aussi montré que les terpénoïdes des huiles essentielles pourraient agir en synergie avec des chimiothérapies conventionnelles. »

 

Beaucoup d’études mais presque rien sur les êtres humains

Mais force est de reconnaître que toutes ces études si prometteuses ne concernent pas, pour l’instant, l’être humain.

Il s’agit d’études in vitro ou sur des rongeurs. Mais sur les êtres humains, la recherche bloque.

Cela tient au fait que les doses utilisées en culture cellulaire ou sur les animaux sont trop élevées pour pouvoir être transposées chez l’homme. Dans les études sur l’efficacité du limonène sur les rongeurs, on parle de 1 à 10 g de limonène par kilogramme de masse corporelle.

C’est une quantité énorme : pour un être humain de 70 kg, il faudrait boire ou absorber plus d’un litre d’huile essentielle par jour, ce qui est rigoureusement impossible.

Cela peut aussi tenir à un problème médical extrêmement courant, qui est que l’homme ne réagit tout simplement pas comme les rongeurs. Notre système immunitaire, notre métabolisme, sont différents, malgré les similitudes de notre ADN. Une substance efficace pour traiter des tumeurs chez une souris n’aura aucun effet chez l’homme.

Les huiles essentielles ne seraient, dans ce cas, pas une exception. « Il existe des milliers de substances qui tuent toutes les cellules cancéreuses en laboratoire sur des cultures cellulaires ou sur des animaux, par exemple le curcuma », explique Julien Venesson, rédacteur en chef d’Alternatif Bien-Être. « Pour autant, le curcuma donné seul à des malades du cancer n’a encore jamais permis de faire régresser une tumeur à ma connaissance. C’est le cas d’un nombre incalculable de plantes et d’épices. »

Que penser, donc, des huiles essentielles dans le traitement du cancer ? Il existe, à mon sens, assez de données encourageantes pour justifier que l’on puisse souhaiter les utiliser en accompagnement des traitements du cancer, et ce en en informant, bien évidemment, son oncologue.

Si peu de preuves existent pour l’instant, on ne peut rien exclure pour l’avenir, en particulier en ce qui concerne les mélanges d’huiles essentielles, produisant des effets d’addition et de synergie.

Il faut avoir conscience que la recherche scientifique, dans ce domaine, n’en est qu’à ses balbutiements. La complexité des phénomènes chimiques, la variété infinie de mélanges et de dosages que l’on peut produire, rendent très difficile une étude systématique des effets des huiles essentielles, qui plus est sur la diversité des cancers qui, je le rappelle, sont tous extrêmement différents selon les tissus qu’ils touchent, leur stade d’avancement et les particularités physiques ou, d’ailleurs, morales du patient.

Une attitude d’ouverture et d’expérimentation prudente est la seule raisonnable face à ce champ thérapeutique immense, prometteur, mais également très mystérieux.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Découvrez en plus ici : https://www.santenatureinnovation.com/huiles-essentielles-contre-cancer/#BlkBy15JsYbAufvT.99

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