Désolé, mais ma lettre d’aujourd’hui est sans doute la pire que j’ai faite depuis l’origine. Elle concerne un aspect peu connu de l’élevage de poisson. Âmes sensibles s’abstenir.

Le poisson, c’est bon

Le poisson est une excellente source de protéines et certaines espèces sont très riches en oméga-3 (les poissons gras des mers froides).

Mais selon l’origine du poisson que vous achetez, vous retrouverez beaucoup de choses en plus dans votre assiette. Et ce ne sont pas que des vitamines et des nutriments.

Le public est aujourd’hui bien informé de la présence possible de mercure et de toxines dans le poisson, et comment les éviter.

Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Les autorités de santé ne mettent pas en garde les populations sur la façon dont des producteurs, en Chine et dans d’autres pays asiatiques, nourrissent les poissons qu’ils envoient dans nos pays. Il s’agit du poisson qui est vendu dans votre supermarché. C’est celui que vous mangez, frais ou surgelé.

Préparez-vous à être choqué et, excusez-moi d’avance, dégoûté.

Prenons d’abord le cas de la Chine. La Chine est le premier exportateur mondial de tilapia, qui est le poisson le plus vendu sur la planète [1].

Très peu de personnes connaissent sa dénomination, qui s’applique en réalité à plusieurs poissons blancs appartenant à la famille des cichlidés. Il entre dans la composition de nombreux plats industriels à base de poisson.
« Il y a dix ans, personne n’en avait entendu parler ; maintenant, tout le monde en veut parce qu’il n’a pas un goût de poisson, surtout les hôpitaux et les écoles », explique Orlando Delgado, responsable de la société d’aquaculture Aquafinca, dans le quotidien américain New York Times [2].

 

Jusqu’en 2004, le saumon et la truite arc-en-ciel étaient les poissons les plus vendus au monde. Aujourd’hui, c’est le tilapia.

Des poissons nourris aux excréments

Pour une très mauvaise raison, malheureusement :

Le tilapia est un omnivore brouteur, se nourrissant donc de phytoplancton, de périphyton, de plantes aquatiques, de petits invertébrés et… de détritus.

Je n’invente rien. Vous pouvez vérifier cette information rapportée en toutes lettres sur le site Consoglobe [3].

Et devinez quel type de « détritus » les ingénieux producteurs chinois donnent à manger aux tilapias :

Des excréments.

Oui, malheureusement encore, vous avez bien lu. Et vous pouvez vérifier cette information dans l’article ci-joint du grand magazine américain Businessweek [4]. (Attention, l’article est en anglais. « Pig Feces » signifie excréments de porc).

Comment est-ce possible ?

Des Chinois, dans les fermes aquacoles, nourrissent aujourd’hui les poissons d’excréments de porcs et d’oies. Pourquoi ? Parce que c’est moins cher que la nourriture pour les poissons. Et l’industrie du poisson d’élevage devient si compétitive qu’ils sont prêts à utiliser tous les moyens pour diminuer les coûts. Sans considération pour le bien du poisson… ou le vôtre !

Les excréments d’animaux rendent les poissons malades et vulnérables aux maladies. De plus, ils contaminent les eaux. Michael Doyle, directeur du Centre de Sécurité Alimentaire à l’Université de Géorgie, explique que cette pratique n’est pas uniquement dangereuse pour les poissons, mais aussi pour les consommateurs : « Les excréments d’animaux utilisés pour nourrir les poissons sont souvent contaminés par des microbes comme la salmonelle », explique-t-il dans Businessweek [5].

Et les conditions d’élevage des crevettes et des noix de pétoncle ou de Saint-Jacques en provenance d’Asie sont en général tout aussi déplorables.

Que faire ?

Comment vous assurer de ne pas manger de poisson contaminé ?

Le plus simple bien sûr est de vivre près des côtes et d’acheter vous-même votre poisson aux personnes qui l’ont pêché en mer.

Faut-il rappeler que, il y a à peine 50 ans, personne ou presque ne consommait régulièrement du poisson frais tout en habitant à des centaines de kilomètres de la mer ??

Le seul poisson qui était traditionnellement disponible était le hareng saur, connu de temps immémoriaux, un simple hareng desséché selon divers procédés de conservation des peuples de la mer.

Or il se trouve que l’on a récemment découvert que ce poisson bon marché est riche en oméga-3, bénéfiques au cerveau et au système cardiovasculaire.

Malheureusement, son odeur puissante heurte les narines délicates de nos contemporains, dont très peu continuent à en manger. Parmi les jeunes générations, la plupart n’ont jamais mangé de hareng fumé, ne serait-ce qu’une seule fois dans leur vie.

Si vous n’habitez pas près de la mer, et si vous n’aimez pas le hareng, la seule solution vraiment sûre est de vous rendre chez votre poissonnier et d’acheter du poisson sauvage.

Mais alors, gare à la facture !

Un moindre mal est d’acheter du poisson surgelé en provenance d’Islande, d’Atlantique-Nord ou d’Alaska (évitez à tout prix le poisson d’aquaculture asiatique ou norvégien !). Préférez le poisson surgelé sous vide, plutôt que mis en vrac dans un sac plastique. Il sera plus frais et moins habité par le gel.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Découvrez en plus ici : https://www.santenatureinnovation.com/ma-pire-lettre-depuis-lorigine/#Sw72KaWRDKAS1x1c.99

Click to rate this post!
[Total: 0 Average: 0]