Où stockez-vous vos réserves d’énergie ?
Notre capacité à conserver de l’énergie n’a de sens que si elle peut se rendre disponible lors des occasions de pénurie alimentaire, volontaire ou non. Cette disponibilité est à la fois efficace, adaptée et parcimonieuse.
C’est un processus dont la particularité (et son efficacité) est de se passer en deux grandes étapes.
La plus simple des explications a été idéalement décrite par le Dr Jason FUNG dans son livre “code obésité” (4). Il définit nos réserves par deux types de “contenants” à l’image des appareils électro-ménagers qui conservent à domicile les aliments : un premier représenté par un “réfrigérateur” et le deuxième par un “congélateur“.
• Le “réfrigérateur” contient nos réserves immédiatement disponibles sous forme de glucose circulant dans le sang et sous forme de glycogène (assemblage de sucre) dans le foie. Il représente l’équivalent d’une consommation d’énergie possible pendant environ 24h et est donc largement suffisante entre 2 repas. La disponibilité énergétique du “réfrigérateur” explique le taux de glycémie stable en permanence (autour de 1g/l) chez le sujet sain. Au-delà de 24h, cette énergie se tarie. D’où l’intérêt de se nourrir au minimum une fois par jour pour profiter de cette réserve. “Ce qui sert à entretenir le feu”, expression du XVIIème siècle, illustre de façon frappante l’immédiateté énergétique à notre disposition.
• Le “congélateur” est essentiellement composé du tissu adipeux (la graisse), organe principal de réserve et amplifiable à merci, rarement mis à disposition dans notre monde contemporain.
Dans son livre, le Dr Fung explique que chaque jour on vide (partiellement ou non) son réfrigérateur qu’on remplit plusieurs fois par jour, ce qui a pour effet global de stabiliser son contenu. Dans un contexte occidental de 3 repas par jour minimum, ce contenant n’est donc jamais vide. C’est dommage car cela empêche toute possibilité de puiser dans le “congélateur”. Au contraire, si le réfrigérateur est un peu trop “plein” et qu’on absorbe une ration alimentaire supplémentaire (même petite), une partie minime de l’énergie absorbée et circulante remplie imperceptiblement et quotidiennement le congélateur.
Quand les grammes deviennent des kilos…
C’est exactement ce qui se passe pour une majorité d’entre nous.
Le “réfrigérateur” (figure N° 1) contient la forme d’énergie la plus disponible sous forme de sucre circulant dans le sang et surtout sous forme de glycogène (chaines de glucose) du foie et des muscles
Le “congélateur” (figure 2) est composé par un tissu adipeux plus ou moins abondant (si c’est le cas il est transformé, compressé et inflammatoire). Il représente notre fameuse graisse viscérale à prédominance abdominale aux effets délétères pour la santé
Si on veut maigrir, on veut “perdre du ventre” ; on saute un repas, on pratique un peu de sport et on perd effectivement des calories qui toutes proviennent de notre “réfrigérateur”. On perd ainsi un peu de ventre par diminution du contenu de l’estomac et par réduction du volume du foie. Toutefois celui-ci contient assez d’énergie pour compenser les pertes de la suppression d’un ou deux repas, voire trois avec ou sans séance de “zumba” ou footing matinal. Dès l’ingestion d’aliments qui suit ces écarts ou ces activités, notre “réfrigérateur” se réapprovisionne et corrige la perte du glycogène ; au total, nous n’avons perdu aucun gramme !
Vous voulez maigrir ? Videz votre “congélateur”!
Un déficit énergétique (externe) suffisamment long est un facteur obligatoire pour espérer perdre du poids durablement. Tant qu’il existe un apport alimentaire de glucose intermittent et rapproché (3 repas par jour par exemple), le “congélateur” ne se videra pas.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la physiopathologie de ces 2 compartiments :
La graisse abdominale (le “congélateur”) a une plus grande capacité à générer des acides gras libres et à absorber le glucose. Il est par ailleurs plus sensible à la stimulation adrénergique (au stress). Il y a plus de récepteurs glucocorticoïdes et androgènes dans la graisse abdominale que dans le la graisse périphérique. Les adipocytes (les cellules graisseuses) y sont plus métaboliquement actifs, plus sensibles à la lipolyse et plus résistants à l’insuline. Il s’agit en outre d’une graisse compressée, stagnante, irrégulièrement vascularisée, toxique et inflammatoire. On parle de lipotoxicité.
Différentes voies sont impliquées dans les mécanismes par lesquels la lipotoxicité conduit à la résistance à l’insuline dans les organes du tissu non adipeux, tels que le foie et les muscles.
- Le dysfonctionnement mitochondrial joue un rôle dans la pathogenèse de la résistance à l’insuline.
- Le stress du réticulum endoplasmique, par le biais principalement d’un stress oxydatif accru, joue également un rôle important dans l’étiologie de la résistance à l’insuline, particulièrement observée dans la stéatose hépatique non alcoolique.
- L’adiposité viscérale et la résistance à l’insuline augmentent toutes deux le risque cardiométabolique et la lipotoxicité semble jouer un rôle crucial dans la physiopathologie de ces associations.
Elle a en outre une responsabilité importante dans la gravité des troubles respiratoires dans la BPCO, les apnées du sommeil, l’hypoxémie du sommeil et dans le syndrome Obésité/Hypoventilation par son effet compressif sur le diaphragme, le principal muscle respiratoire (2).
Mais il existe d’autres obstacles à la perte de poids….
Soufflons un peu et donnons-nous rendez-vous pour plus d’informations dans le prochain dossier.
Docteur Philippe Guérin
Le Docteur Philippe Guérin encadre les séjours dans notre institut Jeûne & Santé dans le respect des règles sanitaires
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Références
(1) Beyond obesity and lifestyle: a review of 21st century chronic disease determinants. Egger G, Dixon J.Biomed Res Int. 2014;2014:731685.
(2) La fabrique de l’obésité. Yves LEERS. E. BUCHET-CHASTEL. 2020
(3) Diabetes, obesity, metabolism, and SARS-CoV-2 infection : the end of the beginning. Daniel J. Drucker Cell Metab. 2021 Mar 2; 33(3): 479–498.
(4) Dr Jason FUNG. Le code obésité. Ed. TRECARE 2015
(5) Resting energy expenditure in short-term starvation is increased as a result of an increase in serum norepinephrine. C Zauner and Col. Am J Clin Nutr. 2000 Jun ;71(6) :1511-5.
(6) Le temps de l’alimentation en France. Thibaut de Saint Pol, laboratoire de sociologie quantitative, Crest Insee Première N°1417 (12/10/2020) https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281016
(8) Les maladies chroniques. Vers la 3e médecine, Editions Odile Jacob, 2017
(9) Epidemiology and Population Health Impact of overweight, obesity and severe obesity on life expectancy of Australian adults Thomas Lung and Col. International Journal of Obesity oct.2018.
(10) Voyage en biochimie Voyage en biochimie – Circuits en biochimie humaine, nutritionnelle et métabolique; Bernadette Hecketsweiler, Philippe Hecketsweiler.3e édition (Elsevier)
Quels sont les critères del obésité
J ai du ventre
Je pèse 65kg
Je mesure 1 ,65
Merci
Bonjour,
L’obésité est par définition une accumulation excessive de graisses dans le corps.
Des indicateurs, tel que l’Indice de Masse Corporelle (IMC) sont des indicateurs permettant de déterminer la corpulence d’une personne grâce à un rapport poids sur la taille au carré. Au-dessus de 24.9 la personne est considérée en surpoids et en obésité au-delà de 30.
La répartition de la masse graisseuse n’est pas uniforme et dépend de chaque individu, aussi est-il intéressant de prendre en compte le tour de taille. En effet, l’endroit où cette graisse va s’accumuler ne présente pas forcément le même risque pour la santé. La graisse viscérale étant celle à considérer en priorité. Aujourd’hui, un tour de taille pour une femme à partir de 80cm et pour un homme à partir de 94cm représenterai un risque pour la santé.