Par le Dr Lionel Coudron, Médecin, spécialiste de la nutrithérapie et yogathérapeute.
Pratiquant le jeûne à titre personnel pour un bien-être physique moral et spirituel et le prescrivant comme médecin pour des bénéfices santé depuis de très nombreuses années, je me réjouis de constater combien il se développe. Nous y prêtons de plus en plus d’intérêt que ce soient mes patients ou que ce soient les médias.
Rien d’étonnant à cela, quand on voit les bénéfices que le jeûne peut apporter. Et, bien qu’il y ait également un grand nombre d’inconvénients, et que tout ne soit pas encore prouvé, les bénéfices santé sont probants et la multiplication des recherches dans différents ce domaine nous le prouve.
Pourtant en France la situation n’est pas encore définitivement installée et il faut continuer à œuvrer dans ce sens.
Heureusement, le jeûne bien-être est fortement implanté depuis longtemps et parfaitement organisé à travers des réseaux sur le sol Français. C’est ainsi que des milliers et des milliers de personnes accompagnées par des personnes expérimentées peuvent en toute sécurité passer en général une semaine jeûner dans un centre parfaitement adapté à cet effet.
Longtemps, on a pensé que le jeûne ne pouvait se faire que dans de telles structures, et je dois dire qu’à mes débuts j’étais regardé avec un peu d’incrédulité ! Comment pouvions-nous oser faire jeûner des personnes qui continuaient à être dans leur environnement ou pire qui continuaient à travailler ?
Je savais que cela était possible, car certains de mes patients ne m’avaient pas attendu pour s’y mettre seuls chez eux pour des durées allant de quelques jours à une ou deux semaines et s’en portaient parfaitement bien. De mon côté, je m’y étais également mis et cela ne m’empêchait pas de continuer à vivre tout à fait normalement. Je l’expérimentais parfaitement, je me déplaçais, je travaillais, je consultais, je donnais mes cours de yoga sans aucun effet inquiétant. Certes il me fallait parfois faire une pause, et je prenais les précautions essentielles, mais la vie continuait.
Les événements se sont précipités il y a maintenant quelques années lorsque le film de Thierry de Lestrade est sorti : le jeûne une nouvelle thérapie ? En effet, le fait qu’il explique comment le jeûne pouvait être une aide dans le cas de chimiothérapie a intéressé grand nombre de personnes bien qu’il n’y ait pas eu – tout comme aujourd’hui – d’études portant sur les êtres humains qui auraient pu prouver de manière tout à fait scientifique ses bénéfices. Mais les travaux d’Yvan Le Maho dans l’Est de la France, du chercheur Valter Longo aux États-Unis, mais aussi le Docteur Sandrine Thuret à Londres du docteur Mark Mattson de Baltimore donnaient de nombreux arguments en faveur de cette indication.
Ces faisceaux d’arguments, y compris ma propre expérience que j’ai pu avoir progressivement, ont conduit de plus en plus de personnes à pratiquer le jeûne chez elles.
En définitive, jeûner est plus agréable en centre lorsque l’on est accompagné, mais est tout à fait possible chez soi.
Lorsqu’il n’y a pas de trouble médical, cela est encore plus facile et à la condition de respecter les précautions d’usage, facilement réalisable.
Cela est d’ailleurs un bon moyen de s’y mettre tout naturellement.
Je vous conseille de débuter tout d’abord sur un week-end.
Cela permet de se connaître, de comprendre ses réactions autant psychologiques que physiologiques, tout en restant à la maison, en prévoyant des temps de relaxation et méditation et même d’activité physique (yoga, marche, sport léger…).
D’ailleurs récemment un journaliste qui souhaitait faire un article tout en témoignant de ce qu’il ressentant a pu pratiquer un jeûne chez lui d’une semaine pour « tester » tout en continuant son activité habituelle incluant de l’activité physique de haut niveau et il n’en a absolument pas souffert. Il en était tout à fait étonné. La seule chose qu’il observait c’était le temps supplémentaire dont il disposait en n’ayant plus de repas à faire.
Il est possible chez soi d’avoir recours aux différents jeûnes, du jeûne dit intermittent de seize heures au jeûne de 24 heures au jeûne de deux jours ou encore au jeûne de trois jours ou encore d’une semaine ou même plus.
Il est intéressant de noter que lors du Ramadan, le jeûne peut s’inscrire dans le cadre d’un jeûne intermittent puisque l’on ne doit pas ingérer de nourriture tant que le soleil est levé. En été, cela peut en effet durer plus de 16 heures. Mais, dans ces cas, pour que le bénéfice escompté sur le plan santé autant que spirituel se produise, il faut alors éviter les excès lors du repas quotidien qui est pris en général le soir.
Le jeûne de 16 heures peut-être parfois utilisé comme alternative à des jeûnes plus longs dans un certain nombre de troubles immunitaires ou inflammatoires.
Dans ces cas, on prend par exemple un repas à midi et un autre le soir et on ne prend rien au petit déjeuner. Ou l’on prend un petit déjeuner et un repas de midi et on ne s’alimente pas le soir.
De même que dans le jeûne de 36 à 48 heures. Dans ces cas, on prend un repas le soir par exemple et on ne se réalimente que le lendemain soir. Il s’agit donc de ne pas manger durant toute la nuit et toute la journée qui suit. Pour les 48 heures, il s’agit de la même procédure sur deux jours.
Dans chacun de ces cas, il est indispensable de prendre des boissons (à noter que dans le Ramadan on ne peut prendre de liquides) et dans tous les cas moins de 400 Kcal.
Pour être à moins de 400 kcal on peut s’autoriser un bol de soupe ou encore une pomme (comme dans la méthode Büschinger). Mais on peut tout à fait ne prendre que zéro calorie bien-sûr.
S’il faut que le nombre de calories soit faible pour que la physiologie du corps passe en mode « jeûne », il faut également qu’il y ait moins de 50 grammes de glucides dans la journée. Ce n’est qu’à ce prix que le jeûne se déclenche avec ses bénéfices.
Mais pour ma part je conseille aussi la prise de sels minéraux : du sel de table pour commencer car il existe une déperdition importante qui peut être responsable de la fatigue, des crampes, des vertiges et des hypotensions. Du potassium, du magnésium et du calcium si possible sous forme alcaline pour éviter l’acidose qui se produit inévitablement à partir de 36 heures et qui est responsable des maux de tête et des éventuelles douleurs réactionnelles que l’on appelle la « crise de détoxication ».
Mais sans parler des indications thérapeutiques du jeûne, j’espère que vous aurez compris qu’il est tout à fait possible de jeûner dans de bonnes conditions plus régulièrement qu’on ne l’imagine à la maison.
L’intérêt de ces pratiques sont non seulement les bénéfices santé et de bien-être attendus, mais aussi de procéder à un véritable entraînement qui nous permet de mieux connaître et de savoir également que l’on est capable de le faire dans le cas ou nous devrions y avoir recours de manière plus prolongée.
Enfin, il ne faut pas négliger la dimension psychologique qui pour ma part est également extrêmement importante. Le jeûne c’est tout comme la méditation un moment, une situation où l’on doit être face à nous-mêmes. Il n’y a rien qui s’interpose entre nous et nous.
Nos réactions face au vide sont très riches d’enseignement et nous devons alors jouer sur les deux leviers : le lâcher prise, et le contrôle.
Le premier est en rapport avec la capacité à se sentir en sécurité et le deuxième avec la confiance d’agir.
C’est ainsi que la pratique du jeûne évolue et que progressivement il devient plus présent en France à travers la vie quotidienne en connexion avec des lieux propices et dédiés à sa pratique.
Je constate avec joie ces avancées et je suis également ravi de voir que les recherches avancent de manière passionnante pour confirmer le développement de cette nouvelle approche de la santé.