Le jeûne est source de bien-être, ce qui lui vaut un succès croissant. Grâce aux témoignages convaincus de jeûneurs et à une information plus abondante sur Internet, cette technique se répand dans le monde. Des travaux livrent des résultats prometteurs quant à ses effets sur la santé et les différentes fonctions du corps ; voici une sélection d’études par le réseau Jeûne & Bien-être qui s’intéresse, dans ce nouvel article, aux bienfaits du jeûne scientifiquement.
1/ L’effet du jeûne sur le foie étudié par la clinique Buchinger
Spécialiste du jeûne thérapeutique, la très réputée clinique allemande Buchinger est l’un des lieux les plus mobilisés au monde sur l’amélioration des connaissances relatives aux mécanismes et effets du jeûne. Son département de recherche s’y est intéressé de nombreuses manières, notamment par le biais du foie, un organe essentiel pour le fonctionnement global de l’organisme. En témoigne l’étude lancée auprès de 700 personnes afin de mieux comprendre l’impact du jeûne périodique sur la maladie du foie gras ou stéatose hépatique, une affection causée par un trop-plein de graisses. Les conclusions ont mis en évidence qu’une cure de 8 jours environ réduit l’accumulation des graisses dans le foie, résultat encore plus prononcé chez les diabétiques.
2/ La réduction du syndrome métabolique en l’absence d’apport alimentaire
Les bienfaits du jeûne scientifiquement ont été également étudiés par la voie des maladies métaboliques (diabète et pathologies cardiovasculaires). Les travaux, dont ceux de la Clinique Buchinger, ont démontré un impact positif sur la perte de poids, la régulation de la tension artérielle et de la glycémie. Que la pratique soit courte ou longue, les marqueurs du syndrome métabolique (glycémie, taux de glycérides, indice de masse corporelle, tension) sont améliorés, même en l’absence de surpoids. En cas de diabète de type 2, la sensibilité à l’insuline est renforcée, ce qui permet de mieux maîtriser la maladie, sous réserve de la poursuite d’une vie saine.
Une étude américaine conduite en 2001 par l’équipe du Dr Goldhamer a montré un effet vertueux du jeûne hydrique (de 11 jours) avec une normalisation de la tension artérielle. L’alimentation des jours suivants a reposé sur des apports en fruits et légumes pendant 2 jours puis durant 7 jours, sur un régime végétarien pauvre en graisses et en sel.
3/ Les bienfaits du jeûne scientifiquement par l’angle de la flore intestinale
Un microbiote intestinal sain est indispensable pour entretenir une bonne santé ; il est essentiel de le préserver au risque sinon de créer des déséquilibres et pas uniquement digestifs. D’autres affections peuvent naître d’une flore abîmée, comme le diabète, l’obésité, les maladies neurologiques ou le cancer. Il est intéressant de s’interroger sur les incidences d’un régime sans apport alimentaire sur l’écosystème intestinal. Y a-t-il appauvrissement ou enrichissement de la flore ? Les chercheurs ont montré que le microbiote évolue alors dans des conditions plus favorables pour se rééquilibrer par disparition des germes pathogènes qui n’ont plus de quoi se nourrir et se développer. Et les souches saines savent s’adapter en l’absence d’aliments par l’homéostasie microbienne naturelle. Plus le jeûne est long, plus les incidences sur la flore sont positives.
Pour illustrer les bienfaits du jeûne scientifiquement, citons aussi l’étude [1] menée par R. Mesnage en 2019, en partenariat avec la Clinique Buchinger, qui a cherché à analyser l’évolution du microbiote suite à un jeûne Buchinger de 10 jours. Même si le protocole est de petite envergure (inclusion d’une quinzaine de personnes en bonne santé), les conclusions méritent d’être présentées, mettant en lumière un changement sensible de la composition des bactéries intestinales, avec une réduction des souches néfastes à la faveur de bactéries saines. Cette évolution positive semble perdurer un mois après la cure.
Une étude chinoise [2] s’est intéressée à ce sujet par le biais du jeûne intermittent (ou fasting), qui consiste à ne pas s’alimenter pendant 16 heures. Elle a prouvé que même pour une courte durée, l’environnement intestinal profite de ce régime restrictif pour se renouveler. Deux groupes ont été constitués, 15 personnes de moins de 30 ans ont suivi un jeûne de 16 heures et les 15 autres un régime normal. Après 25 jours de fasting, l’analyse des selles a révélé une plus grande richesse du microbiote intestinal.
4/ L’atout du jeûne contre l’inflammation
De plus en plus préoccupante, l’inflammation du corps progresse dans les sociétés occidentales en raison de modes de vie délétères. Elle ne montre pas toujours de signes visibles, évoluant à bas-bruit avant de donner lieu à des troubles plus sérieux. Le jeûne apparaît comme protecteur, en raison de son action anti-inflammatoire si l’on en croit les travaux de scientifiques, notamment ceux du Professeur Valter Longo, spécialiste reconnu mondialement pour ses travaux sur la longévité et les bienfaits du jeûne scientifiquement. En travaillant sur les maladies inflammatoires de l’intestin (dont la maladie de Crohn), il a mis en exergue dans les années 2010 chez la souris une réduction de l’inflammation et des marqueurs biologiques associés. Ces révélations ont ensuite été corroborées par d’autres explorations chez l’humain. Deux décennies plus tôt, une étude avait démontré qu’un jeûne de 7 à 10 jours avait atténué les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde, telles que la douleur et la raideur matinale, sous réserve ensuite de l’adoption d’un mode de vie très sain.
5/ Le jeûne : une solution à explorer en cas de troubles psychiques
L’histoire du jeûne du 20e siècle a été marquée par les expérimentations du psychiatre russe Youri Nicolaiev dans les années 50 sur les malades schizophrènes. Au fur et à mesure de ses découvertes sur les vertus du jeûne, il a soigné de plus en plus de malades de cette façon par des cures longues, notamment des patients dépressifs ou atteints de troubles obsessionnels compulsifs. Pour apporter du crédit à ses recherches, il a enrichi ses études de protocoles d’examens poussés en ajoutant des analyses physiologiques, biochimiques, hormonales et des tracés d’encéphalogramme avant et après le jeûne. Les résultats ont mis en évidence une diminution des troubles et dans la durée. Pour ce médecin, un tel régime a des effets comparables à un médicament psychotrope et apaise les blessures émotionnelles fortes.
Ces premiers travaux datent, mais l’analyse des bienfaits du jeûne scientifiquement a été poursuivie des années plus tard par d’autres chercheurs, notamment le professeur Andreas Michalsen de l’hôpital de la Charité à Berlin et la clinique Buchinger, qui a constaté au cours de ses protocoles une amélioration de l’humeur en cas de jeûne, un mieux-être émotionnel et plus de clarté mentale qui perdure ensuite si l’hygiène de vie reste saine.
Précisons que face à des troubles psychiques, un jeûne ne dispense pas d’un suivi par un professionnel de santé, voire d’un traitement médical pour les affections complexes.
Si vous souhaitez approfondir cette question, le livre « Le jeûne : une thérapie des émotions ? », de Claire Sibille, psychothérapeute et jeûneuse assidue, vous captivera.
6/ Qu’en est-il de l’évolution de la fonction musculaire ?
Le département de recherche de la Clinique Buchinger et une équipe de chercheurs du CNRS à Strasbourg ont conduit des travaux sur l’impact du jeûne Buchinger sur le métabolisme musculaire. C’est une question importante, car en arrière-plan une telle expérience suppose a priori une perte de masse musculaire par dégradation des protéines en réserve. Dans une étude, 16 hommes non obèses en bonne santé ont suivi une cure de 10 jours, intégrant des exercices physiques doux de 3 heures par jour. Les résultats ont révélé que non seulement les pertes musculaires sont limitées et récupérées ensuite en mangeant normalement, mais la performance des muscles des extrémités inférieures s’améliore. Le corps étant très bien fait, il libère des protéines les premiers jours et les épargne ensuite pour puiser dans d’autres ressources, principalement les graisses.
7/ Jeûne et cancer : des effets secondaires atténués au cours de la chimiothérapie
Le cancer est un sujet sensible ; aussi, l’analyse des bienfaits du jeûne scientifiquement appelle, face à cette pathologie, des protocoles d’études rigoureux ; les études existent, mais sont de faible portée en raison de la petite taille des cohortes de patients. Toutefois, elles sont riches en enseignements sur la valeur ajoutée apportée par ce régime restrictif du point de vue de la tolérance des traitements et la qualité de vie des malades. Valter Longo s’y est attelé en lançant une étude sur 10 patients souffrant d’un cancer ayant suivi un jeûne de 48 à 140 heures avant la chimiothérapie et jusqu’à 56 heures après. Les observations ont révélé que les jeûneurs ont ressenti moins d’effets secondaires et fait important, ils ne se sont pas plaints d’inconforts liés à la privation alimentaire.
Valter Longo a engagé un autre travail sur les bienfaits du jeûne scientifiquement en incluant une vingtaine de patients afin de comparer les effets du jeûne de 24, 48 et 72 heures avant la chimiothérapie. La plus longue période a été plus bénéfique que celle de 24 heures au vu des effets indésirables remontés (troubles digestifs, fatigue, neuropathie, etc.).Ces avancées sont porteuses d’espoirs puisque lorsque les traitements sont mieux vécus par les malades, leur efficacité augmente a priori.
En guise de conclusion, retenez que les études sur les bienfaits du jeûne scientifiquement se développent afin de mieux comprendre les mécanismes physiologiques et les bénéfices pour la santé. D’une manière générale, les conclusions sont encourageantes, mais les études de grande envergure font défaut, ce qui aurait le mérite de susciter plus d’impacts auprès de la communauté médicale et positionner le jeûne comme une solution potentielle pour soigner. En France, la médecine conventionnelle demeure encore réservée et recommande peu cette option. Ce n’est pas le cas dans d’autres pays comme l’Allemagne qui disposent de cliniques de jeûne thérapeutique sous surveillance médicale.
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[1] Changes in human gut microbiota composition are linked to the energy metabolic switch during 10 d of Buchinger fasting, Journal of nutritional Science, 2019
[2] Time-restricted feeding is associated with changes in human gut microbiota related to nutrient intake, Nutrition, 2020