Regardons les choses en face, l’obésité est bien une maladie.
Au regard de l’histoire, il est probable que nous, médecins ,dits “modernes” ne soyons pas fiers. Le retard de reconnaissance de ce fléau (la France comptait 67,4 millions d’habitants au 1er janvier 2021 dont 17% étaient obèses, soit 11,5 millions de personnes malades) et le peu de moyens efficaces mis en œuvre par notre corps de métier, pour tenter de l’éradiquer, ne glorifient pas la médecine. Nous n’avons rien vu venir…
Nous avons répété pendant des dizaines d’années que grossir découlaient essentiellement de notre appétit débridé, dans une société enfin libérée des aléas des approvisionnements et d’une tendance toujours croissante à épargner nos efforts. Ce seraient ainsi les 2 seules raisons expliquant la pandémie actuelle (figure 1).
Cette certitude est tenace parce qu’elle est vraie !
Faire disparaitre ces causes devrait résoudre le problème. Bien que pragmatique, cette interprétation de deux évidences reste simpliste et surtout, inefficace.
Un slogan simpliste et inefficace ! “Manger moins – Bouger plus”
En France, le “Programme National Nutrition Santé – Manger Bouger” (le PNNS sous-entend que manger moins et bouger plus aiderait à perdre du poids) n’est clair ni pour les soignants, ni pour les malades et rend compte d’un certain chaos des responsables de la nutrition au plus haut niveau. Le PNNS évolue peu malgré des connaissances scientifiques qui contredisent ce programme. Ces petits changements adaptatifs sont d’ailleurs ressentis par le grand public comme une réelle approximation des connaissances ; d’autant que l’information alimentaire est sans cesse renouvelée par les médias.
Mais que veut dire manger mieux ? Y-a-t-il un consensus pour certifier que manger moins gras, plus de fibres ou “d’équilibrer son assiette” suffit à faire disparaitre les kilos en trop, durablement ? Combattre la sédentarité et le trop manger est probablement un engagement vertueux en théorie, mais ces recommandations sont loin d’être suivies. Est-ce du fait d’une non-observance des malades ou d’effets à court ou à moyen terme d’échappement de l’efficacité de ces recommandations ? Probablement les deux. Parce qu’après des années de recommandation, le constat est amer : le taux de personnes en surpoids augmente inexorablement !
Prise de poids : les raisons du désastre
Force est de reconnaitre que tenter de résoudre le problème de l’obésité dans le monde ou en France ne semble pas aussi simple que quelques recommandations officielles semblent le faire espérer. En ne se limitant qu’à ces recommandations, on aboutit à des solutions ultimes telles que la chirurgie bariatrique (60 mille interventions par an en France dont les effets et résultats sont loin d’être enchanteurs) ou au contraire à un état de torpeur d’un corps médical désabusé et critiqué dont les prises en charge sont quasi inexistantes. Ces attitudes font la part belle aux propositions tout aussi inefficaces, mais séduisantes de la part de gourous charismatiques qui surfent sur l’évidence d’autres vérités.
Pourtant, le corps médical ne peut pas être ignorant de l’origine multifactorielle de l’obésité. De multiples influences en interaction ont été étudiées et publiées. La « carte de l’obésité » (1) qui résulte (figure 2) de ces nombreuses études décrit un système si complexe et si interdépendant qu’il est difficile d’imaginer trouver des solutions simples pour tenter d’enrayer ne serait-ce l’obésité infantile.
Une tâche complexe n’est pas un travail impossible. Seul l’acharnement à comprendre les causes et à trouver des solutions permettra d’éviter la fatalité d’une situation actuellement figée. Le premier temps est de détricoter ces “spaghettis indigestes” de la figure 2 afin de mieux saisir les raisons du désastre (figure 3).
Un fléau mondial qui échappe au contrôle de l’individu
Le champ s’éclaircit. Cette figure évoque que les facteurs génétiques, environnementaux, culturels et bien d’autres dont beaucoup échappent au contrôle des individus, agissent en synergie pour amplifier un phénomène mondial. C’est plus clair mais pas moins simple.
La complexité de ces interactions dépasse aujourd’hui la capacité de l’individu, de la famille ou même du secteur de la santé, à contrôler et à modifier ces facteurs à l’échelle planétaire d’où l’urgente nécessité d’une approche multidisciplinaire et pangouvernementale d’une part, et de solutions coordonnées les plus simples et efficaces possibles, d’autre part. L’objectif de vaincre le fléau mondial de l’obésité ne peut se passer d’une politique “des petits pas”.
L’obésité est responsable d’une grande partie des problèmes de santé chroniques dans le monde et est associée à au moins 50 comorbidités (autres maladies aigues ou chroniques aggravées par le surpoids et l’obésité) et à 11 cancers différents qu’elle aggrave.
Malgré ce constat, la surcharge pondérale continue de progresser dans le monde. Elle est même devenue la première cause de décès prématurés aux États-Unis et explique à elle seule la diminution de la durée de l’espérance de vie dans ce pays.
Décroissance alimentaire et transition écologique : même combat!
Le développement de l’obésité est heureusement susceptible de répondre à des interventions agissant sur ses voies causales.
– Au niveau national, voire international, il est trop ambitieux ici de proposer des solutions simples et efficaces. Une prise de conscience politique par la pression des experts et par les influences des organismes internationaux de santé, serait un minimum. A l’échelle de chaque pays, des actions préventives doivent être moins discrètes. En France, le PNNS (3), les initiatives des ARS (4) bredouillent un bruit de fond vertueux, mais sont incapables de suggérer une décroissance alimentaire adaptée et concertée. Un vaste et généreux chantier de transition nutritionnelle à l’échelle planétaire reste à bâtir très rapidement. Il existe un parallèle entre cette décroissance alimentaire et la “transition écologique” que tend de plus en plus à concevoir les partis politiques. Cette transition devra faciliter la lutte contre la sédentarité, protéger le sommeil de chacun, diminuer les occasions de stress chronique, soutenir les liens de proximité et surtout lutter contre les ignorances. D’autres méthodes éducatives plus adaptées à une humanité contrariée par les limites d’un monde fini doivent être inventées.
– Au niveau individuel, nous avons des moyens prioritaires à mettre en place, et des armes.
- La lutte contre les ignorances, à tous les niveaux, est un défi prioritaire. Chacun est concerné mais nos enfants doivent bénéficier en priorité et le plus rapidement possible d’une éducation nutritionnelle et diététique.
- La lutte contre la diminution sans cesse aggravée de la durée de notre sommeil est une autre évidence connue par des spécialistes somnologues, malheureusement non audibles.
- La préservation de notre microbiote, notamment intestinal, représente aujourd’hui un axe de traitements potentiels prometteurs. Certaines recommandations alimentaires sont déjà abordables par et pour tous.
- La reconnaissance des effets délétères des stress chroniques ou post traumatiques devra impliquer la réduction des situations stressantes ou l’amélioration de prises en charge préventives.
- La pratique des activités physiques n’a jamais cessé de diminuer lors de ces dernières décennies et atteint maintenant les enfants, victimes inattendues de la crise du COVID-19 (5).
- Et si notre culture alimentaire est accablante, changeons-la …
- …
A Jeûne & Santé, nous vous aidons à trouver en partie des solutions et des armes pour combattre au moins au niveau individuel le surpoids, l’obésité et bien d’autres maladies chroniques.
Comment ? En vous accompagnant dans la pratique du jeûne bien sûr mais aussi dans la mise en pratique des changements individuels décrits ci-dessus.
La suite dans le prochain dossier…
Docteur Philippe Guérin
Le Docteur Philippe Guérin encadre les séjours dans notre institut Jeûne & Santé dans le respect des règles sanitaires
– Une approche globale médicalisée et personnalisée.
– Une perte de poids durable
– Une préparation à des changements de comportements et d’habitudes au long court, sans traumatisme.
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Références
(1) CO-CREATE NIPH 30.04.2019
(2) Obesity: novel and unusual predisposing factors. Hanson P, Weickert MO, Barber TM. Ther Adv Endocrinol Metab. 2020 May 19 ;11
(3) PNNS : Plan National Nutrition Santé
(4) ARS : Agences Régionales de Santé
(5) Effect of the COVID-19 lockdown on physical activity and sedentary behaviors in French children and adolescents : New results from the ONAPS national survey. Camille Chambonniere and Col. Eur J Integr Med. 2021 Apr; 43: 101308.